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Et de mille ! A partir du 7 juin, Space Invader installera à La Générale* sa millième mosaïque sur les murs de l’ancien centre de distribution d’électricité du Nord-Est de Paris. Pour l’occasion, cet ex-bâtiment EDF transformé il y a quelques années en laboratoire artistique abritera la première rétrospective jamais organisée par le plasticien dans la capitale.

Une immense boule à facettes installée dans un container jonché de tessons de mosaïque accueillera les 2 visiteurs.Tandis que sur plus de 500m seront exposés pêle-mêle collages, photos, fresques et installations. Des œuvres déjà vues au coin de la rue comme ces « aliens » inspirés du jeu vidéo produit par l’entreprise Taito en 1978. Mais aussi des tableaux Rubik’s Cubes ou des stickers à l’effigie de Super Mario. Le tout entourant un caisson transparent au milieu duquel s’entrechoqueront des dizaines de balles rebondissantes projetées par air comprimé. Quinze ans de travail !

« Je n’avais pas exposé à Paris depuis 2005. Je me devais de marquer le coup », glisse le mosaïste de retour de Los Angeles où il vient de participer à une exposition collective de street art organisée par le Musée d’art moderne (MOCA).

Formé aux Beaux-Arts, le plasticien de 42 ans, marqué pendant son enfance par l’esthétique pixellisée des jeux d’arcade, commence à en peupler les rues de Paris en 1996. Il a 25 ans lorsqu’il « accroche » sa première mosaïque dans une petite ruelle proche de la Bastille où il a son atelier. Street art oblige, l’artiste se rebaptise alors, comme les graffeurs. Il ne révélera plus jamais sa véritable identité.

Quinze ans plus tard, son œuvre a « envahi » une cinquantaine de métropoles à travers le monde : de New York à Dacca, de Tokyo à Perth, en passant par Londres, Berlin ou encore Montauban où il rend un hommage appuyé à l’enfant du pays : un certain Ingres.

S’évertuant à rendre réel le monde virtuel des jeux vidéo, Space Invader sillonne, la nuit, les rues des grands centres urbains semant les œuvres comme pour marquer son territoire. « Je conçois ma mission comme celle d’un hacker urbain. Je ne réalise jamais deux fois le même motif car mon travail est en perpétuelle mutation », souligne-t-il. Il y a quelques jours, il incrustait un nouvel opus au pied de la rédaction de L’Optimum [rue du Plâtre dans le Marais, NDLR]. Quelques heures seulement avant de se faire interpeller par les forces de l’ordre en train de décorer une façade proche des Halles. « Pour cette 23e arrestation, les policiers se sont montrés vraiment cool. Ils m’ont juste demandé de détacher la mosaïque. Une sorte d’autocastration mais sans contravention », sourit l’artiste. Une semaine avant, la police de Los Angeles l’avait également arrêté alors qu’il se glissait sur le toit d’un immeuble. « 99 % de mon travail est illégal », reconnaît ce cousin de Thierry Guetta, aka « Brainwash », qui signait, il y a quelques mois, un documentaire sur son alter ego britannique Banksy. A ce jour, Space Invader revendique un peu plus de 3 000 installations à travers le monde. Les « alias » de ces mosaïques (répliques fidèles de celles implantées en ville) sont vendus en galeries entre 2 000 et 50 000 euros pièce. Damien Hirst aurait récemment acquis l’une de ses œuvres.

 

* La Générale, 14, avenue Parmentier, Paris XIe, entrée libre de 12 h à 20 h 30 jusqu’au 2 juilllet.