Son air d’en savoir plus que vous, sa façon de parler aux gens, d’être beau gosse, tout en lui vous insupporte. Voici 10 tricks pour remettre un barman qui se la raconte à sa place.

 

1. DE NE PAS LE VOIR, SEMBLANT TU FERAS…

Dès que vous entrez, il faut voir et aller voir tout le monde, par contre, lui, non. Sourire à beaucoup, mais plutôt au luminaire qu’au taulier. Se recoiffer dans la glace qui est derrière lui comme s’il était transparent. Angoisse naissante pour l’ancien cador du zinc…

 

2. EN RUSSE, TU LUI PARLERAS…

A l’instant où il croit avoir capté votre attention, lui parler en russe (si vous maîtrisez cette langue, mais ça marche avec n’importe quelle langue étrangère à l’exception de l’anglais et de l’espagnol), comme si c’était la langue véhiculaire des bars du monde entier.

 

3. PENDANT UN QUART D’HEURE, TU HÉSITERAS

 En silence (ou en discutant avec la créature qui vous accompagne), s’endormir sur le dépliant des cocktails comme si celui-ci était aussi long que la carte des vins de la Tour d’argent. Aucun tenancier ne peut dépasser les quinze minutes sans devenir fébrile.

 

4. LE DÉTAIL DE TOUTES SES RECETTES, TU EXIGERAS

En retrouvant subitement un français approximatif, lui faire ânonner le détail de toutes ses recettes ou préparations, sans oublier de poser des questions stupides et de lui asséner des « conseils » pour améliorer ses prestations.

 

5. UNE CIGARETTE, TU ALLUMERAS…

Le faire le plus naturellement possible, cela instillera en son esprit le doute sur sa capacité à expliquer l’étrange loi prohibitionniste française à un égaré sibérien lui ayant déjà fortement pollué la soirée. Le cas échéant, obtempérer en écrasant son mégot sur la moquette.

 

6. UN COCKTAIL IMPOSSIBLE TU LUI DEMANDERAS…

Opter finalement pour une boisson qu’un chimpanzé dressé refuserait d’avaler mais qui doit apparaître comme une évidence aux yeux de « l’expert » international que vous êtes : rhum arrangé-piment rouge aux huîtres fraîches, par exemple.

 

7. PENDANT QU’IL OFFICIE, TU T’ÉCLIPSERAS 

Une fois qu’il a accepté son sort, disparaître le plus loin possible dans l’établissement (toilettes pour dames, terrasse non aménagée, derrière le piano…), afin que le barman ne puisse vous remettre au moment clé l’impossible recette.

 

8. LA FRAÎCHEUR DU COCKTAIL ET SA QUALITÉ, TU CONTESTERAS

L’étape précédente rendra plus logique une contestation en bloc des compétences du mad barman : cocktail avachi sur lui-même, mixture tiédasse, couleur affadie… Surveillez quand même que l’homme de l’art ne cherche pas à se supprimer en avalant un shaker.

 

9. DE PAYER AUTREMENT QU’EN PIÈCES JAUNES, TU REFUSERAS

Pour l’achever, il existe, plus drôle, le moyen fort simple et très légal consistant à la jouer Bernadette Chirac et à exiger, grand prince, de régler quand même l’addition. Mais en pièces jaunes uniquement (venir équipé).

 

10. UN NOUVEAU VERRE TU DEMANDERAS, ET CÆTERA

Tout l’intérêt de cette séquence est de la réitérer jusqu’à ce que notre cible exige son admission à Sainte-Anne… Evidemment, il vous faudra faire une croix sur cet établissement à l’avenir. Mais bien entendu, vous n’aviez jamais lu son éloge dans L’Optimum. S’endormir sur le dépliant des cocktails comme si celui-ci était aussi long que la carte des vins de la Tour d’argent.

CUVÉES ADAPTÉES

OSEZ LES ACCORDS :

POULET/SAUTERNES

Exemple : Rôtissez un poulet, arrosez le d’un Château Roumieu-Lacoste 2005 complexe et affiné (servir frais, au coin du feu bien sûr), vous en sortirez évaporé.

 

HUÎTRES/VIN ROUGE

Exemple : Une petite série de fines de claire Marennes-Oléron (n°2) servies (sans citron) avec une belle mondeuse de Savoie bien tendue comme le Gilles Berlioz 2009.

 

FROMAGE SEC/CHAMPAGNE

Exemple : Le Nirvana ? Se payer un parmigiano reggiano et le sublimer avec une cuvée franche et minérale comme un Tarlant Extra Brut Prestige 1998.

 

SURTOUT N’OSEZ PAS :

BAR/WHISKY

 

Exemple : Grillez un bar, citronnez-le fort, et offrez un Auchentoshan single malt, dont la suavité caramélisée jurera horriblement avec l’amertume du poisson.

 

BOEUF EN SAUCE/VIN BLANC

Exemple : Mitonnez un joli pot-au-feu traditionnel, mais massacrez-le avec un sympathique blanc de Provence, une belle cuvée bien franche comme le Domaine de Saint-Ser 2010.

 

TARTE AU CITRON/VIN ROUGE

Exemple : Exhumez le livre de cuisine de mémé, confectionnez une tarte au citron, puis flinguez-la avec l’un des meilleurs bordeaux sup’ classique, Château Pierrail 2008.