Si le sport s’apparente souvent à une épreuve de fond, la vélocité peut se révéler un atout indéniable dans la quête d’absolu et de succès. Pas une fin en soi mais bien pratique. Ne serait-ce que pour entrer au « Guinness Book »… Voici les dix performances sportives les plus speed.

 

KARLOVIC : JEU, SERS ET MATCH !

Décrocher des missiles au service ne permet pas, à coup sûr, de faire trébucher Roger Federer, Rafael Nadal ou Novak Djokovic. Mais ça aide… A l’heure où le gouvernement entend supprimer les panneaux annonçant les radars fixes, Ivo Karlovic a été flashé à 251 km/h. L’excès de vitesse s’est produit en plein jour, le 5 mars 2011. En public, en plus. A Zagreb, sa ville de naissance, le joueur de tennis croate, 208 cm sous la toise, a envoyé cet obus à l’occasion du match de premier tour de Coupe Davis contre l’Allemagne. Et si ce jour-là, associé à Ivan Dodig, il s’est incliné 6/4 au cinquième set, il établissait toutefois le record du monde du service le plus rapide. Karlovic, ex-numéro 44 à l’ATP, rayait ainsi des tablettes l’Américain Andy Roddick, qui détenait la marque depuis 2004, à 249,4 km/h. Sa puissance ne lui a toutefois pas permis de passer le premier tour cette année à Roland-Garros.

 

LE KITE-SURFEUR DE L’IMPOSSIBLE

Dans la discipline, le jeunehomme glissant sur sa planche de surf tractée par un cerf-volant est trois fois champion du monde. Mais le rider de Port-Saint- Louis est surtout fameux pour être le premier homme à avoir franchi le mur mythique des 100 km/h sur l’eau. C’était en octobre 2010, dans le lagon de Lüderitz, en Namibie. Le kite-surfeur Alexandre Caizergues, 32 ans, a maintenu sur 500 m (la distance pour que l’exploit soit validé) un rythme de 54,10 noeuds de moyenne (100,19 km/h) ! « C’est génial d’entrer ainsi dans l’histoire de la voile », a alors jubilé celui qui a tout de même réalisé 80 prototypes de planches pour parvenir à surfer sa machine de guerre.

 

LE SKIPPER DES AIRS

Caizergues a détrôné sur l’eau la sensation réalisée en septembre 2009 dans la rade de Hyères par Alain Thébault et son Hydroptère, un voilier mi-bateau, mi-avion ayant  atteint 51,36 noeuds grâce à la seule force du vent. Malgré quelques chavirages, cet objet futuriste détenait jusquelà le record absolu de vitesse à la voile. Une récompense pour Thébault, qui a commencé à imaginer les contours de l’Hydroptère avec Eric Tabarly, renforcé ensuite par des ingénieurs de l’aéronautique. L’engin, qui mesure 18,28 m, est un trimaran d’apparence classique quand il navigue à vitesse réduite. Mais les deux coques latérales sont profilées telles des ailes d’avion. Et, lorsque le voilier accélère, la force provoquée soulève celles-ci hors de l’eau.

 

SÜKÜR ET NAWAF DÈS LE COUP D’ENVOI

Au Mondial 2002 de football, l’attaquant star Hakan Sükür, lors du match pour la troisième place, c’est-à-dire la petite finale, a ouvert le score après 10,8 secondes de jeu seulement. Son équipe, la Turquie, l’a emporté 3-2 face à la Corée du Sud et a pu grimper sur le podium d’une épreuve dont la bande à Zidane a été chassée dès le premier tour sans inscrire le moindre but. Foot toujours avec la performance réalisée par le Saoudien Nawaf Al-Abed. Avec Al-Hilal, coaché par Eric Gerets, l’ex-entraîneur de l’Olympique de Marseille, deux secondes lui ont suffi pour marquer en coupe d’Arabie Saoudite, face à al-Shoalah. Ce 7 novembre 2009, l’énorme frappe de l’attaquant qui a lobé le gardien – sûrement un garçon rêveur – dès le coup d’envoi a battu le record du but le plus rapide de l’histoire.

 

RONALDO, SEULE LA BUGATTI…

Agaçant mais génial. Tel est Cristiano Ronaldo. On savait que le Portugais du Real Madrid, recruté en 2009 à Manchester United contre 94 millions d’euros, s’adonnait à 3 000 abdominaux par jour histoire d’obtenir une musculature parfaite. Il le vaut bien : celui qui a inscrit 40 buts cette saison avec le Real en championnat d’Espagne, un record, est le joueur le plus rapide de la planète. L’hebdomadaire allemand Der Spiegel l’a en en effet chronométré à 33,6 km/h, lancé à pleine vitesse. Selon ce classement on ne peut plus sérieux, il devance en vélocité le milieu néerlandais du Bayern Munich Arjen Robben (32,9), ainsi que Theo Walcott (Arsenal) et Wayne Rooney (Manchester). L’équipementier de Ronaldo a surfé sur sa puissance en le faisant tourner dans une publicité où il se mesure à une Bugatti Veyron, le bolide le plus cher au monde, capable grâce à ses quatre turbocompresseurs de passer de 0 à 100 km/h en à peine plus de deux secondes, puis de piquer une pointe à 407 km/h ! Du coup, l’attaquant a acheté l’engin après le tournage…

 

SOSENKA, LE ROI DU TOUR DE PISTE

Le Tchèque Ondrej Sosenka n’a pas les moyens d’acquérir un tel joujou. Mais le coureur peut se targuer d’avoir parcouru 49,7 km en soixante minutes juché sur son vélo, à Moscou, en janvier 2005. Le natif de Prague est tout simplement le recordman de l’heure sur piste, même s’il a amélioré  la précédente marque de Chris Boardman dans l’indifférence générale. Du haut de ses 2 m – ce qui en fait l’un des coureurs les plus haut perchés du peloton – ce spécialiste du contre-la-montre s’était surtout fait connaître en remportant à deux reprises le Tour de Pologne.

 

SIMONE ORIGONE, L’AS DE LA DESCENTE

La sensation de vitesse, l’adrénaline que cela procure, la mise en danger aussi, c’est ce qui motive l’Italien Simone Origone. Il se distingue en ski de vitesse, discipline ancestrale déjà prisée il y a plus d’un siècle par les chercheurs d’or comme par les bûcherons nord-américains qui se lançaient des défis de ce genre sur les pentes des Rocheuses. En démonstration aux Jeux olympiques d’hiver de 1992, ce sport, parmi les disciplines nonmotorisées, est celui où les pointes de vitesse sont les plus hautes après le parachutisme. Spécialiste du KL, le kilomètre lancé, Origone a dévalé la piste des Arcs en Savoie à 251,4 km/heure, en avril 2006.

 

ALPHAND, EN FLÈCHE

Lui aussi recherche l’ivresse de la vitesse. Pas étonnant que Luc Alphand ait baptisé son autobiographie « A toute vitesse » ! Fin 1997, à 32 ans, il raccroche les skis au terme d’une saison qui l’a vu remporter le Globe de Cristal, le classement général de la coupe du monde toutes disciplines confondues, ce que seul parmi les Français Jean- Claude Killy avait réussi. Alphand se reconvertit ensuite en pilote de rallye, avec succès : il gagne le Paris-Dakar en 2006. Il participe aussi aux 24 Heures du Mans. Mais, en juin 2009, victime d’un grave accident de moto dans le cadre du rallye Rand’Auvergne, il est évacué à l’hôpital. On craint le pire, la paralysie est évoquée. Opiniâtre, il remonte la pente. Pas encore rassasié, il entame désormais une troisième vie sportive : il est aujourd’hui skipper et se lance en octobre prochain dans la Transat Jacques Vabre en double, avec le respecté Marc Thiercelin, second du Vendée Globe 1997.

 

JOYON, CAMMAS, LE TOUR DU MONDE SANS ESCALE

En janvier 2008, le navigateur normand Francis Joyon a réalisé le record du tour du monde en solitaire, en 57 jours 13 heures 34 minutes et 6 secondes. Il a ainsi pulvérisé de 14 jours la précédente marque, signée de l’Anglaise Ellen MacArthur trois ans plus tôt. Parti de Brest, Joyon a obtenu ce temps canon sur son bateau de 30 m et 11 tonnes, avec un mât de 32 m. Plus collectif, le skippeur d’Aix-en-Provence Franck Cammas a, lui, fait le tour du monde à la voile en équipage. Avec ses neuf complices, il a mis seulement, en mars 2010, 48 jours, 7 heures, 34 minutes et 52 secondes. Il a ainsi remporté joliment le Trophée Jules Verne. « Depuis 2006 et après deux tentatives ratées sur avaries, on a gagné au niveau de la stabilité dans la performance. On connaît le bateau de mieux en mieux. Il n’y a pas de pics de frayeurs car Groupama 3 est sain mais disons qu’il y a toujours un stress à haute vitesse dans les grosses vagues », a-t-il ensuite décrypté. En janvier 2009, Michel Desjoyaux, sur le monocoque Foncia, remporte, en 84 jours 3 heures et 09 minutes, le Vendée Globe, soit le tour du monde en solitaire, améliorant de plus de sept heures le précédent record.

 

MONTOYA, UN PILOTE À L’EXCÈS

Dans un genre plus bruyant, le Colombien Juan Pablo Montoya n’est pas mal non plus. Il a battu en août 2005 le record de vitesse sur circuit de Formule 1. Il a été chronométré à 372,6 km/h au volant de sa McLaren- Mercedes, lors d’essais privés à Monza, juste avant de disputer le Grand Prix d’Italie. Vainqueur de 7 GP en 95 courses, l’intrépide est le seul pilote à avoir remporté le GP de Monaco en F1, les 500 Miles d’Indianapolis, les 24 Heures de Daytona, le titre Champ Car en monoplace aux Etats-Unis et deux courses de Nascar. Sacrée polyvalence ! Mais la vitesse, même en course automobile, est parfois un vilain défaut. En juillet 2009, en Nascar, un petit excès de vitesse l’a privé de la victoire : alors qu’il figurait en tête, il a effectué son dernier arrêt au stand, où il a été contrôlé à 60,11 miles par heure, au lieu des 59,99 autorisés ! Puni, il a dû refaire un passage au stand et laissé filer la victoire alors qu’il avait mené 116 des 160 tours de la course. Montoya était pourtant prévenu : en 2003, il s’était vu retirer son permis après avoir été contrôlé à 204 km/h sur l’autoroute A8 dans le Var, flashé par un radar.