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La première fois que William a mis sa langue dans la bouche de Kate, on l’a su avant elle ! C’est ça la force de Twitter. On sait tout, tous, tout de suite… et à la fin de la journée, on n’en retient pas grand-chose.

 

Vous n’en avez pas marre, vous, de savoir qu’il ne se passe rien d’intéressant, mais en temps réel ? Le monde ne doit plus ignorer que l’on n’a rien à se dire, d’où le succès de Twitter. Des millions de gens se sont mis à raconter leur quotidien pour le partager avec d’autre hypothétiques millions de gens. Il y a celui partage son burger avec le reste de la planète : « Hé ! mec, le Ketchup est top… », celle qui écrit en descendant de l’avion, après avoir voyagé à douze rangées d’un rappeur célèbre : « Tu ne devineras jamais qui ne m’a pas regardé du vol !!! », sans oublier l’homme politique qui cherche à passer de son canton au 2.0 sans filet : « Comice agricole passionnant, en route pour le vin d’honneur de la maison de retraite… » Attention : le nombre de vos followers peut être encore plus cruel que le nombre d’électeurs un dimanche de canicule. Un bon tweet dépend de votre vitesse de réaction et donc de la vitesse de votre pensée, le temps réel n’est donc pas le même pour tout le monde. Mettez Paris Hilton et Jacques Attali dans la même pièce et vous aurez vite de quoi imprimer un recueil de cinq volumes avec le second, mais un plus grand nombre de connectés lorsque la première écrira : « Le dernier dernier qui m’a vu porter une culotte a fait sauter Jacques Attali sur ses genoux…» Car la qualité du tweet ne fait pas son audience. Des millions de lycéens vont mémoriser immédiatement la date de la dernière coupe de cheveux de Justin Bieber au détriment d’autre dates historiques comme Waterloo ou le débarquement,une culture chasse l’autre…Avant, on disait : « Les temps changent » maintenant, c’est le temps qui change, il s’accélère toujours et encore. Le journal de 20 h ne sert plus à rien, ça fait vingt heures qu’on en sait plus que Claire Chazal ! Et depuis que la télé est dans nos téléphones, l’actualité, la nôtre, est devenue un doux mélange :

9 h 12 : Ça pète en Afrique !

9 h 45 : Comité de direction, il parait que ça va péter !

11 h 02 : L’aller-retour à Ibiza moins cher qu’un pétard !

19 h : Complètement pété au bistro, tu viens ?

L’accélération des informations donne un gloubi-boulga que Casimir lui-même n’aurait pas renié. Déjà qu’on passait notre vie sur Facebook sans lâcher notre iPhone ! A chaque nouveauté technologique, on a l’impression que le temps s’accélère encore, comme dans une course folle que l’on ne maîtrise plus. Bientôt nos journées seront timées comme aux Jeux olympiques, le centième de seconde fera la différence (Prem’s à le dire, trop tard !! ), les records de rapidité d’envois d’informations tomberont les uns après les autres ! Jusqu’où ? Vivement la mode du slow time qu’on ait le temps d’y réfléchir…

Par Éric Hélias*

* Eric Hélias est publicitaire. Il est co-directeur de création de l’agence Young & Rubicam.