Les hommes pensent qu’en amour, plus c’est long, plus c’est bon. Mais quand l’un d’entre eux se trouve face au « quickie », toutes ses certitudes s’envolent…

 

La première fois que j’ai accepté un quickie, j’aurais mieux fait de me casser les deux jambes. Ce soir-là, la jeune beauté brune que je convoitais depuis des semaines était comme un fruit mûr que j’allais cueillir et dont, j’en étais persuadé, j’allais me délecter pendant toute la nuit. Mais alors que nous finissions de dîner sur cette terrasse cachée au coeur de Paris, elle a prononcé une phrase qui a bouleversé ma vie sexuelle : « Moi, ce que j’adore, c’est le quickie. » Comme je m’étais présenté comme un serial lover, je n’ai pas osé dire que je ne savais pas ce que c’était. La gorge nouée, j’ai affi rmé : « Ça tombe bien, c’est ma spécialité. » Quelques minutes plus tard, je suis descendu aux toilettes pour taper frénétiquement ce mot sur mon téléphone portable et quand j’ai appris que c’était une pratique sexuelle qui consistait à faire l’amour très vite, n’importe où et en quelques minutes, je ne me suis pas affolé. Je suis sorti de ma cachette et, comme la jeune beauté brune m’attendait devant la porte, je n’ai pas réfléchi. Je l’ai plaquée contre le mur, passé mes mains sous sa jupe et je lui ai fait l’amour à la hussarde. Dans ses yeux, j’ai vu son orgasme monter en quelques secondes et quand elle s’est dégagée de mon étreinte, je n’avais même pas eu le temps de jouir. En retrouvant la terrasse, devant ma charlotte aux fraises, je me suis dit que j’allais me rattraper en prenant un plaisir de fou pendant la nuit. Chauffée à blanc, ma partenaire allait être volcanique. Mais, quelques minutes plus tard, la jeune beauté brune m’a planté sur le trottoir. « Merci pour le dîner et surtout pour le reste. J’ai un boulot de dingue demain, je rentre me coucher. »… En me documentant sur le sujet, je me suis aperçu que le « quickie » était très tendance. Sur les blogs, des femmes vantent cette étreinte furtive et finalement sans contrainte où elles se prêtent plus qu’elles ne se donnent. Elles ne montrent rien de leur corps et ferment les yeux pour plonger dans leurs fantasmes les plus inavouables. Elles jouissent, vite, d’un orgasme violent et bref. Ensuite, il suffit de remettre son chemisier et sa jupe en place, de se recoiffer un peu et l’on peut replonger dans sa vie sociale, loin des tourments et des inconvénients d’une vraie relation. Un genre de fast-food du sexe où l’on est rassasié en un instant. Pour mon plus grand malheur, ma première partenaire de quickie s’est révélée être une attachée de presse hors pair. Et comme on ne s’attache pas à un homme qui ne reste en vous que quelques minutes, elle a donné mon numéro de téléphone à toutes ses amies. Depuis, je vis un enfer doré. Régulièrement, j’ai des coups de téléphone me sollicitant. Comme la chair est faible et que je n’ai aucune volonté, j’accepte. Mais je rêve de préliminaires, de temps, de soupirs qui se transforment lentement, mais sûrement, en petits cris. Je rêve de longues étreintes sur des lits, confortablement lové dans une couette et des oreillers très épais. Je rêve de nudité, de tendresse et de m’endormir contre le corps d’une femme. Je rentre toujours seul chez moi car je suis le Lucky Luke des alcôves, celui qui fait jouir plus vite que son ombre. Les éjaculateurs précoces m’idolâtrent, mais je suis malheureux comme les pierres. Car je ne suis que le prince du quickie, l’homme que l’on consomme en cinq minutes chrono…