Trente ans après Coluche, Christophe Alévêque, rebaptisé pour la circonstance « Super Rebelle », se lance dans la bataille présidentielle. Sa supermission : terroriser les candidats classiques sommés de faire des superpropositions. Une idée supernulle ? A vous de juger.

L’Optimum : C’était un rêve d’enfant d’être candidat à l’élection présidentielle ?

Christophe Alévêque :

Je voulais aller au bout de ce que je fais dans mon boulot. Faire partie du spectacle politique plutôt que d’être observateur et de compter les points. Ma démarche, paradoxalement, c’est de redonner du sérieux à la politique.

En caricaturant les « vrais » candidats ? C’est pas un peu bizarre votre truc ?

Non, c’est très clair. Ces gens ne pensent qu’au buzz et à la petite phrase. Le paquet cadeau est devenu plus important que ce qu’il enrobe. Moi, en toute humilité, je leur dis : faire le pitre, c’est mon métier. Vous, occupez-vous de vos dossiers.

Vous avez reproché à Zidane d’être un panneau publicitaire sur pattes. En vous présentant à la présidentielle, vous ne faites pas aussi votre promo ?

J’ai plus de coups à prendre qu’autre chose. Regardez les questions que vous me posez… On va me dire que je veux de la notoriété, passer à la télé. Moi, tout se passe bien dans mes tournées, les salles sont pleines. Je n’ai pas besoin de ça.

Vous allez vous moquer aussi bien des candidats de gauche que de droite ?

Oui, même si je revendique une culture de gauche. Je ne suis pas dans le « tous pourris ». Pour moi, tout ne se vaut pas. D’ailleurs, l’une des raisons pour lesquelles j’ai pris cette décision de me présenter est la montée du FN. Aux gens qui ont envie de voter Marine Le Pen pour gueuler « on en a marre », je propose une alternative, moins dangereuse et plus effi cace. Je suis le seul candidat qu’on peut soutenir sans voter pour lui.

Une campagne réussie, ce serait quoi ?

J’aimerais que le taux de participation atteigne 95 % même si Super Rebelle fait zéro voix.

Et Mélenchon, qui semble en colère permanente, n’est-il pas déjà un peu Super Révolté ?

Moi, je suis plus drôle que lui et beaucoup plus démago.

Par exemple ?

Mon programme sera une page blanche que les gens rempliront. En dehors des idées racistes ou intolérantes, je prends tout !

La feuille blanche, c’était déjà la démocratie participative de Ségolène Royal en 2007 !

Oui. Sauf qu’une fois qu’elle a été remplie, Ségolène l’a foutue à la poubelle.

Imaginons que, comme Coluche, votre candidature prenne dans l’opinion. Vous faites quoi ?

Coluche était un phénomène de société, pas moi. Je n’aurai jamais des sondages à 15 %.

Si vous obtenez les 500 signatures, vous allez au bout ?

Oui. Mais c’est comme si vous me promettiez que le chômage n’existera plus dans un mois.

Au moment où il s’est retiré, en mars 81, Coluche a appelé à voter Mitterrand. Vous appellerez à voter pour qui entre les deux tours ?

On verra. Si Marine Le Pen figure au second tour, je voterai forcément pour l’autre. Cette femme, c’est le diable déguisé en bonne soeur. Je suis un peu affolé parce que j’ai un ami brillant qui était de gauche, que je respectais beaucoup, et qui vient d’entrer au FN pour bosser sur son programme ! En 2007, on a connu la droite décomplexée, en 2011, on a une extrême droite décomplexée.

Pourquoi placez-vous Carla Bruni dans la colonne « passif » du bilan de Nicolas Sarkozy ?

Je n’ai rien contre la personne. Mais comment veux-tu que les gens s’y retrouvent quand ils l’entendent dire qu’après avoir été de gauche, elle est devenue ultra sarkozyste ? On ne l’a pas entendue sur les Roms ou sur l’identité nationale alors qu’elle prenait toujours des positions humanistes avant. Comme si en épousant Sarkozy, elle avait aussi épousé Hortefeux. Et puis, je n’aime pas sa stratégie de communication. Je ne dis pas que je suis enceinte mais je montre mon ventre au G8 à toutes les conjointes de chefs d’Etat devant les caméras du monde entier. C’est un peu gros, non ?

Super Rebelle peut-il sauver Zemmour et Naulleau virés de chez Ruquier ?

Moi, ça fait un an que je n’ai plus le droit de tenir une chronique chez Ruquier : je n’ai pas vu Naulleau et Zemmour voler à mon secours. A l’époque, quand j’ai été écarté, ils étaient les premiers à dire : « Mais y a pas de pression, c’est de la parano. » Eh bien voilà !