femme

Ce papier est né d’une réflexion gentiment machiste, je l’avoue : aurais-je envie de coucher avec une fille désopilante? (le machisme réside, vous l’aurez compris, dans le fait même de me poser cette question). Si elle a des gros seins, pourquoi pas.

C’est vrai, on s’est habitué nous, les hommes, à la fille aux yeux qui papillonnent, à cette petite moue sensuelle, à la femme mystérieuse qui joue si bien de la distance, et l’on voit quoi?Une fille (canon, certes) debout dans ce restaurant chic en train de mimer le bigorneau à marée basse et déclenchant l’hilarité générale ­ regards gênés des mecs dans l’assistance en direction du conjoint sur le registre : « et tu la laisses faire ça?» « les rôles sont définis de façon très sexiste entre les acteurs du jeu de la séduction et de l’amour : aux hommes, la production de l’humour, et aux femmes le rire », constate willy pasini, psychothérapeute et sexologue.

L’humour des filles, une nouvelle castration?

« L’humour féminin est vécu par les hommes comme un attentat à la virilité, une forme de castration », analyse Willy Pasini. Il faut reconnaître que nous aimons par-dessus tout que les femmes rient à nos bêtises et nous exclamer : « j’adore les filles qui ont de l’humour!» Lucie Joubert, une drôle de québécoise, vient de publier l’humour du sexe, le rire des filles : « l’homme fait des blagues pour séduire la femme, la femme en rit pour plaire à l’homme et lui indiquer qu’elle est en train d’être séduite. Une femme qui se met à user de l’humour inverse le scénario, prend les commandes et déstabilise l’homme.» L’humour féminin est à ce point mal accepté que « pour une femme, faire de l’humour, c’est prendre beaucoup plus de risques qu’en misant sur ses yeux, ses jambes, ses seins — atouts validés par les hommes depuis bien longtemps », explique Lubomir Lamy, maître de conférences en psychologie sociale à l’université paris xi. Chercher à faire rire un homme, c’est une sacrée déclaration d’amour et un grand saut dans le vide. « Lorsque certains hommes regardent un épisode de vous les femmes, (série québécoise, ndlr) on entend des réactions du genre : ‘vous êtes folles!.’ voilà, on n’est pas drôles, nous, les filles. On est juste folles!», résume la comédienne olivia cote, auteur de la drôlissime série diffusée sur téva. En même temps, « s’agissant du rejet des situations ­ des femmes qui se ridiculisent ­, les réactions les plus violentes viennent des femmes, pas des hommes!»

Faire rimer drôlitude et féminitude

Mais les choses changent. Et la petite révolution culturelle est partie de la scène. Les humoristes femmes ne voient rien de contradictoire entre une féminité parfaitement assumée et un humour décapant. Le rire ne serait plus le propre de l’homme. On est loin d’anémone, de sylvie joly, de Michèle Bernier des filles qui s’enlaidissaient bien souvent pour pratiquer l’humour, histoire de bien distinguer féminité et hilarité. Amelle Chahbi, Frédérique Bel, Florence Foresti, Virginie Efira, Julie Ferrier, Camille Chamoux, Sophia Aram. Toutes drôlement jolies ; toutes féminines et drôles à la fois ­ et se moquant, dans leurs spectacles respectifs, des prérequis de la féminité : talons de 9 cm et minceur obligatoire. Et Louise Bourgouin ? Et Charlotte le bon sur Canal + ? « On aime bien l’idée que le corps féminin puisse être un objet d’hilarité et de désir.

Mais pas forcément en même temps », constate Olivia Cote.

Le rire est-il conciliable avec une érection?« les nouvelles femmes ont tiré un trait sur cette pseudo-perfection que les hommes étaient supposés attendre d’elles. L’humour les rend plus humaines, plus accessibles, plus désirables, plus bandantes », note Lucie Joubert. « quand un homme ne doute pas sur ses érections, il ne se sent pas menacé par une femme qui recueille une partie de l’attention », constate Olivia Cote.

Il y a peut-être confusion et ambiguïté du côté des hommes. « Une fille poilante, drôle, marrante, c’est une fille qui s’assume, une fille sans complexe. Et la fille sans complexe, c’est souvent une fille sexy pour les hommes, alors.» l’humour, nouvelle sexytude ?