Nouvelle tête de gondole de la rentrée télé version France 3, Cyril Viguier est loin d’être un débutant à l’antenne. Ancien de la Cinquième, producteur en Californie, ami des people, le journaliste de 48 ans ne mâche pas ses mots.

L’OPTIMUM :

On vous attendait partout sauf comme participant à un combat de free fight à Las Vegas. Est-ce compatible avec votre nouveau job ?

CYRIL VIGUIER :

Je me suis pris de passion pour le full contact. Naturellement je me suis dirigé vers le MMA (Mixed Martial Arts). Cette discipline, au carrefour entre les arts martiaux et les sports de contact, est très exigeante. Ça correspond bien à ma nature.

Venons-en à votre rentrée télévisée. Vous arrivez sur France 3, le vendredi soir pour un talk-show. Quel en sera le concept ?

Les invités de l’émission viendront sans promotion systématique. On s’est dit que les téléspectateurs en avaient marre de les voir vendre leur produit. Chez moi, les invités choisiront des images qui ont construit leur vie. Ce sera du jamais vu.

Il y a moins d’un an, vous aviez critiqué l’attitude des dirigeants de France Télévisions. Douze mois plus tard, vous êtes à l’antenne. Comment les avez-vous convaincus ?

Je me suis permis de critiquer leur attitude, car la télévision publique nous appartient, nous qui payons la redevance. Et puis, c’est dans ma nature de dire les choses. Aujourd’hui, le contexte est différent et les nouveaux dirigeants ont choisi notre projet. Ce qui me dérange, c’est tout l’univers concurrentiel qui est apparu quand la décision a été prise.

Mais vous comprenez que votre arrivée fasse parler. D’autant que les rumeurs parlent d’amitiés avec des politiques, notamment Nicolas Sarkozy…

En France, dès que l’on propose de nouvelles choses, on nous fait des procès en délit d’enthousiasme, on est face à un mur de négativité. Concernant la politique, non, je n’y ai pas d’amitiés. J’ai des idées plutôt qu’un parti pris politique. Aux Etats-Unis, le président Obama, lorsqu’il consulte un professionnel, tous ses pairs vont le féliciter pour l’expertise. En France, on nous crache à la figure.

Vous avez travaillé pour des gouvernements en tant que conseiller pour la télévision, vous voyez-vous entrer dans un gouvernement ?

Pas du tout. Ce qui m’intéresse, c’est de faire progresser mon métier. J’ai besoin de rencontrer les gens au pouvoir pour les sensibiliser à des problématiques profondes.

Pour en revenir à votre émission, vous prenez la place de Mireille Dumas, une figure de France Télévisions. Ressentezvous de la pression de la part de vos patrons ?

Avec France Télévisions, nous sommes sur la durée et, bien sûr, il faudra faire une audience respectable. Je connais beaucoup de producteurs et d’animateurs, mais je pense qu’il n’y en a pas un seul qui aime autant ce métier que moi, donc pas de stress.

En tant que journaliste, vous avez fait des interviews du pape et de Nelson Mandela, entre autres. Ça vous manque ?

J’aime beaucoup cette phrase de Louis Aragon : « Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard. » Il faut aller vite, se dépêcher de faire les choses. Je suis conscient que ça peut agacer. Ici, on me voit ambitieux, alors qu’ailleurs on me trouverait énergique.

Vous semblez très américanisé. Etes-vous sûr d’être dans le bon pays ?

On me le dit tout le temps. Mais je suis bien ici, cela rend le challenge plus intéressant.

Votre plus grand moment ?

J’ai été fasciné par le pape Jean-Paul II, il dégageait une telle force. En revanche, lors de mon entrevue avec le président Reagan, j’ai remarqué qu’il ne comprenait pas du tout mon anglais. Je ne me sentais pas très bien.

Vous ne vous sentez pas seul dans votre façon de faire ?

J’ai fait fi de ce qu’on pouvait dire de moi. Je me construis en réalisant mes objectifs, c’est un peu comme monter sur un ring. Et évidemment, il faut accepter de perdre. Mais je crois que la réussite individuelle est impossible, elle ne vient qu’avec un collectif.