Le rugby a toujours fait fi gure de parent pauvre parmi les jeux vidéo : on ne compte qu’une dizaine de références confidentielles. Le tout dernier « Rugby World Cup 11 » change la donne.

 

Le désintérêt des éditeurs pour le rugby tient avant tout à son maigre potentiel commercial : ses amateurs sont essentiellement rassemblés dans cinq régions du globe (les îles Britanniques, la France, l’Australie, l’Océanie – surtout la Nouvelle-Zélande – et l’Afrique du Sud), soit un total de 204 millions d’habitants. A titre de comparaison, le cricket, activité obscure uniquement appréciée par les populations du Commonwealth, bénéfi cie du substantiel engouement de plus d’un milliard d’Indiens. Mais, au-delà des réalités démographiques, les développeurs ont fait preuve de couardise lors de la création des jeux. Depuis la sortie d’un premier titre en 1993, pas un seul jeu ne peut se vanter à ce jour d’être totalement réussi. Malgré l’audace et l’inventivité du gameplay de Jonah Lomu Rugby (Codemaster) sorti en 1998, ou la qualité de certaines animations de Rugby 2006 (EA Sports), les jeux tournant autour du ballon ovale sont immuablement de facture moyenne, si ce n’est franchement décevants. A la décharge des concepteurs de jeu, il est important de prendre en considération la difficulté de retranscrire sur console toutes les phases de jeu possibles de ce sport. C’est un vrai défi de concilier gameplay accessible et règles complexes (mêlée, maul, coup de pied à suivre, passe croisée, sans parler de toutes les formes différentes de hors-jeu). Réunir sur une manette et quelques boutons les subtilités du rugby s’avère un casse-tête auquel même les Chinois ne se sont pas attaqués. Pour autant, les scores d’audience de la Coupe du monde sont en constante augmentation… et devraient titiller de plus en plus les investisseurs au profi t de l’ingéniosité des game designers (1,75 en 1991 contre 4,20 milliards de téléspectateurs en 2007 ; sachant que le mondial de foot dépasse largementles 35 milliards). Affranchi d’Electronic Arts, éditeur pour lequel il a crééla série Rugby (éditions 2004, 2005, 2006, et 2008),HB Studios a décidé de développer seul et sur le long terme une véritable référence en matière de rugby. Cela commence avec le jeu officiel de la Coupe du monde 2011,pour finir avec la création d’un titre régulier et synchronisé avec la réalité (du top 14 en passant par le Tri-nations ou le Tournoi des Six Nations).

 

PLAQUAGES PLUS VRAIS QUE NATURE

Fans authentiques du ballon ovale, les développeurs de HB Studios sont parvenus à surmonter les problématiques imposées par les règles du jeu pour proposer un gameplay séduisant, ergonomique et exigeant. A condition d’être familiarisé avec le rugby, une bonne heure est tout de même nécessaire pour prendre en main le jeu avec les conseils avisés d’un coach (malheureusement, il n’y a pas de didacticiel. Ce sera donc plus long, seul devant sa télé). Une fois passé le rite initiatique des commandes et à partir du moment où l’on ne confond plus la touche « coup de pied » avec celle de la passe, l’exultation pointe le bout de son nez. En effet, l’essence même du rugby, qui se résume à faire vivre le ballon, est préservée. Mention spéciale à la qualité des animations de plaquages : les joueurs se prennent des vrais bouchons spectaculaires (plus vraiment autorisés dans la réalité, mais tellement sensationnels en jeu vidéo). Rugby World Cup 11 n’a pas à rougir face à ses homologues footballistiques : l’ovalie a enfin trouvé son alter ego numérique.

505 Games/HB Studios sur PS3 et Xbox 360.