Magneto de « X Men : le commencement » et incarnation de Carl Jung dans le nouveau Cronenberg « A Dangerous Method », Michael Fassbender joue le grand jeu dans « Shame » de Steve McQueen : il s’y dévoile dans la peau d’un trentenaire dévoré par son obsession du sexe. Interview cartes sur table.

 

PARI RISQUÉ

« Je ne peux pas avancer dans mon métier d’acteur sans prendre de risques. Je n’aime ni le confort, ni la sensation de ne rien tirer d’un rôle, d’une expérience. Depuis Hunger, j’avais envie de retravailler avec Steve. Mais avec lui, pas d’alternative : il faut être prêt à s’engager au maximum dans son projet, à aller très loin. Sur Shame, je n’ai pas hésité une seule seconde. »

 

JEU À DEUX

« Les scènes de sexe sont toujours compliquées à tourner. Vous vous épuisez à mettre la comédienne qui est face à vous le plus à l’aise possible. Vous parlez beaucoup des limites à ne pas franchir, pour qu’elle se sente le plus en sécurité. Ensuite, c’est au metteur en scène de ne pas abuser de la situation, de ne pas l’exploiter aux dépens des acteurs. Tout est question de confiance, d’entraide. Et non de désir inopportun. »

 

JEUX À TROIS

« Dans la scène fi nale de Shame, celle du triolisme, tout est simulé. C’est l’art de l’illusion. Un tour de magie. Il a fallu évidemment se donner à fond pour donner l’impression que tout est bien réel. Mais faire croire à la vérité, alors que c’est tout le contraire, fait partie de mon métier. Il aurait été invraisemblable de la tourner comme dans un porno. Quel intérêt ? Steve plaçait la caméra et nous « foncions ». Dee Dee et Calamity m’ont été d’une très grande aide. Ce sont deux danseuses. Elles sont très à l’aise avec leurs corps et le maîtrisent très bien. Ça m’a facilité le travail. »

 

ADDICTION

« Vous pouvez avoir une forte libido, avoir envie de sexe tout le temps, tant mieux pour vous. Mais ce n’est pas le propos de Shame. Ce n’est pas une critique de la sexualité masculine non plus. Tous les hommes ne sortent pas le soir avec pour unique but de ramener quelqu’un à la maison. Brandon, mon personnage, a un vrai problème d’addiction : le sexe bousille sa vie, son entourage, ses relations de travail. Shame, c’est l’histoire d’un homme qui se laisse dominer par ses propres pulsions. »

 

ATOUT COEUR

« Si toutes les fi lles vont avoir envie de coucher avec moi après avoir vu ce fi lm ? Je n’y ai jamais réfl échi. Je pense surtout que Brandon est un type repoussant dans sa névrose sexuelle. Il ne dégage rien d’attirant dans les scènes de copulation. C’est sa vulnérabilité, celle d’un homme luttant contre sa condition, qui touche le public. Pas qu’il puisse incarner un objet de fantasmes. » JACKPOT « Si j’avais eu, il y a dix ans, la même notoriété qu’aujourd’hui, j’imagine que j’en aurais profi té un peu plus. Les sorties, les soirées, les rencontres… Mais j’ai une vie plutôt simple. Rien n’a réellement changé pour moi dans mon quotidien. Ma famille, mes amis m’aident à garder les pieds sur terre. Et, finalement, dans la rue, les gens ne me reconnaissent pas si souvent que cela. »

 

TEXAS HOLD’EM

« Je ne suis pas très doué avec les cartes. Ma grand-mère, elle, était très forte. Je joue au Texas hold’em et au blackjack. Je ne fréquente que rarement les casinos. Je joue surtout avec des potes. Les mises ne dépassent jamais 20 dollars. Tout cela reste bien innocent… »

 

GAMING

« J’ai prêté ma voix à un jeu intitulé Fable III et pourtant je n’ai pas de console chez moi. Pour la même raison que je ne possède pas de télévision : je ne veux pas m’éterniser devant. Les rares fois où je me suis laissé prendre par un jeu vidéo – les courses de voitures sont les jeux que je préfère –, je fi nissais par m’endormir devant l’écran, à poursuivre la partie en rêve, les yeux fermés… »

 

MAUVAIS JOUEUR

« Je n’ai pas osé regarder les gens autour de moi à la fi n de la projection de Shame au Festival de Venise. C’était bizarre. Lorsque les lumières se sont rallumées, au générique de fin, j’aurais voulu qu’on me donne un peu plus de temps pour reprendre mes esprits. Je ne savais pas quoi faire. Je me suis senti nu tout à coup. C’était assez intense. »

 

BANCO

« C’est Hunger qui a défi nitivement lancé ma carrière. Même si le public ne s’est pas rué en masse pour voir le film, il m’a au moins permis d’être reconnu par d’autres metteurs en scène. Je suis conscient de devoir énormément à Steve. Peu de gens auraient accepté d’embarquer un acteur inconnu dans une telle aventure, sur un tel sujet. Lui a pris ce risque. Et ça a changé ma vie. »

 

BANQUEROUTE

« Je toucherai le fond, je crois, le jour où je serai obligé de tourner des scènes de sexe non simulées devant une caméra ! »