Sport Le 12/10/2015 par La rédaction

XV de France : Thierry Dusautoir, « The Dark Destroyer »

Thierry Dusautoir, dit « The Dark Destroyer », 33 ans, né à Abidjan, troisième ligne aile (Stade toulousain).

Par Bruno Godard

Il y a les flamboyants, princes du cadrage-débordement et de la chistera, cette passe sublime qui est l’apanage des artistes de l’Ovalie. Il y a les ailiers qui ont « les cannes » et qui s’envolent vers l’en-but avec une foulée de gazelle, sublime et aérienne. Dans un genre plus violent, il y a aussi les empereurs des « bouchons », marquis des « caramels », capables d’arrêter net des trois-quarts lancés à pleine vitesse. Ces hommes forment l’aristocratie de l’Ovalie et symbolisent ce « sport de voyous pratiqué par des gentlemen ». Mais il y aussi les vicelards, les roublards, les tordus sans qui le rugby ne serait pas le rugby. Avec eux, la distribution de « soupe de doigts » est toujours abondante. Ils se cachent dans les mauls, sont de tous les regroupements, de tous les points chauds car ils aiment plus que tout ces amas de chairs où ils auront une chance de commettre leurs forfaits sans se faire pincer par la patrouille. Quand je jouais en Universitaire, j’étais de ceux-là. Je n’avais pas le physique pour réaliser des « plaquages cathédrales » qui consistent à lever son adversaire très haut dans le ciel pour le faire redescendre violemment sur le sol, de préférence sur la tête pour lui écraser les cervicales. Alors, je suis devenu le roi de la fourchette, cette « caresse oculaire » particulièrement douloureuse prodiguée avec l’index et le majeur. Un regroupement, et je plongeais pour enfoncer mes deux armes digitales dans les yeux de mes adversaires. Ensuite, quand la « boîte à gifles » s’ouvrait, je me cachais derrière « mes gros », qui m’adoraient : avec moi, ils avaient toujours une bonne excuse pour distribuer des marrons.

J’ai fait ça longtemps, très longtemps, et puis un jour, alors que j’avais volé un ballon après une fourchette parfaite, je suis parti vers l’en-but. J’allais marquer l’essai de la victoire, c’était mon heure de gloire. Soudainement, derrière les lignes adverses, un bras s’est tendu, à hauteur de mon visage. « Cravate » parfaite, extinction des lumières, quatre dents laissées sur l’herbe, fin d’une carrière de vicelard de l’Ovalie. Car dans le rugby, comme dans la vie, on est toujours puni par où l’on pèche…

Bruno Godard: journaliste


En chiffres:

75 sélections en équipe de France

30 points en équipe de France

6 essais en équipe de France

200 sélections avec le Stade toulousain


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