Sport Le 16/09/2015 par La rédaction

XV de France : Brice Dulin, l’arrière, ce monstre schizophrène

Brice Dulin, 25 ans, né à Agen, arrière (Racing 92).

Par Julien Neuville

A 1,80 m, moyennement rapide, moyennement puissant, j’étais de ces physiques difficiles à placer dans une équipe. D’où mes changements de postes successifs, un temps ailier, puis centre, un passage en numéro 7, et enfin une tentative au poste d’arrière qui se révéla plus que mitigée, mais qui eut le mérite d’être riche en enseignement. Je suis désormais convaincu qu’il est impossible de juger les performances d’un arrière sans en avoir été un.

Les arrières sont des personnages troublants, à la fois des fous furieux morts de faim, et de fins calculateurs d’une intelligence rare. L’arrière est schizophrène, qui joue, éteint et rallume son cerveau tout au long d’une rencontre. En défense, la peur n’existe pas. Si l’adversaire vient vers lui, il a déjà probablement éclaté la première ligne de défense et arrive lancé comme un taureau enragé. Le face-à-face sera violent. Il faut y aller sans réfléchir et sacrifier son corps pour toute une équipe. Réfléchir, c’est hésiter. Ne pas avoir peur de prendre un tampon, d’en mettre un, ou de se trouer devant son public. Autour d’une mêlée, se défiler est une option tant l’amas de joueurs peut être aveuglant des tribunes. En dernier rideau, vous êtes complètement à découvert. Comment savoir si votre arrière est cet énergumène déjanté ? Tapez une belle chandelle, et regardez-le décamper de sa position reculée pour se jeter dans les airs et réceptionner le ballon en faisant abstraction des gros lards qui se précipitent sur lui, aussi vite que des pucelles sur Kim Kardashian.

Une fois le cuir dans ses mains, le voilà remontant le terrain à toute vitesse, attendant impatiemment la cartouche qui arrivera de nulle part. En attaque placée, l’arrière est le joker caché, l’enfoiré caché. Tapi dans sa partie de terrain, il observe le placement de ses coéquipiers et de ses adversaires, leurs mouvements, leurs tactiques. Le demi d’ouverture est le vrai patron, mais l’arrière a le recul nécessaire pour conseiller ses partenaires. Tout le terrain s’offre à sa vue, et à tout instant, il peut taper l’accélération qui le conduira en terre bénite. L’arrière est un monstre à deux têtes.

Julien Neuville: journaliste.


En chiffres:

19 sélections en équipe de France

23 points en équipe de France

essais en équipe de France

1 pénalité en équipe de France


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