XV de France : Scott Leonard Spedding, la touche

Scott Leonard Spedding, 29 ans, né en Afrique du Sud, arrière (ASM Clermont-Auvergne).

Par Baptiste Piégay

Anodine en football – elle n’appelle qu’à une vigilance élémentaire (il suffit de bien garder les pieds sur le même plan et d’adresser le ballon à un partenaire raisonnablement isolé, c’est à la portée d’un poussin) – la touche prend toute son importance quand elle intervient lors d’un match de rugby.

Si elle vient pareillement signaler la sortie du ballon derrière les lignes latérales, elle offre un spectacle particulier : les deux équipes se mettent en rang, ce qui doit évoquer aux joueurs l’appel lors de leurs années d’écoliers. Les règles qui président à sa réalisation sont en revanche assez sophistiquées. L’équipe qui bénéficie de la touche choisit le nombre de joueurs qu’elle veut impliquer dans le lancer (minimum deux, le plus souvent sept). L’autre équipe doit s’adapter et aligner le même nombre de joueurs. Si, par inadvertance, elle en aligne plus, elle sera sanctionnée d’un coup franc, ce qui serait idiot, et de surcroît une faute professionnelle. Ceux-ci se mettent en ligne, perpendiculairement à la ligne de touche. L’usage veut que le talonneur lance le ballon, depuis la ligne. Il doit le projeter en plein milieu des deux alignements, séparés par un couloir d’un mètre, un genre de cordon sanitaire, pour ne pas désavantager l’équipe adverse – ce qui est formidablement courtois, quand on y songe. Il choisit, en accord avec ses partenaires, de lancer plus ou moins loin. L’un des deuxième lignes est alors porté par deux coéquipiers pour se saisir de la balle. On vous passe les subtilités de l’exercice, des conséquences de tel ou tel faux pas, de telle ou telle manipulation du ballon, aussi codifiée que l’usage de l’arme nucléaire – si bien que l’on se demande si les arbitres n’ont pas un souffleur pour leur rappeler les fondamentaux.

Enfantine, stratégique et physique : la touche porte, elle, un peu de l’essence du sport.