Petit frère de Jamel, il veut se faire un nom – et vite ! Dans « La Désintégration », Rashid Debbouze incarne un jeune Nordiste obstiné qui, faute de décrocher un job, se laisse séduire par un ayatollah de cage d’escalier. Un sujet épineux pour son premier essai au cinéma.

 

Philippe Faucon

« Je ne connaissais rien de Philippe avant La Désintégration. Il était venu voir le spectacle que j’avais monté à Paris au Théâtre du Gymnase. Il a apprécié puis a cherché à entrer en contact avec moi. Après la lecture du scénario, j’ai vu quelques-uns de ses films. J’ai aimé sa manière d’aborder des sujets assez difficiles comme dans Trahison ou Samia. Il est juste dans sa manière de filmer, de raconter ses histoires. Dès notre première rencontre, il m’a tout de suite mis à l’aise. Jamais je n’avais tourné dans un film. Lui était là pour m’aider. C’est grâce à lui que j’ai découvert à quel point je pouvais élever mon jeu. »

 

Ali

« Des personnages comme Ali existent dans la vie. C’est un jeune qui trime pour trouver un travail. Il envoie des CV partout, sans aucun retour. Quand on a tourné dans le Nord, je les ai vus tous ces garçons qui ont baissé les bras, adossés à un mur, une cigarette ou une bière à la main. Et ce désespoir arrive de plus en plus tôt. Il y a une catégorie de jeunes, dans ce pays, qui, même s’ils s’obstinent, n’ont pas accès à un grand nombre d’emplois. Ils sont obligés de faire des CV anonymes pour obtenir un entretien. C’est grave ! »

 

Mère

« La mère d’Ali, dans le film, ressemble pratiquement à la mienne : le foulard, la croyance… C’est à cette génération-là qu’on a demandé de s’intégrer. Et elle a fait des efforts pour y arriver. Ma mère, toute ma vie, pour me demander du « fromage râpé », elle disait : « formage rapide ». Moi, avec ce que j’apprenais à l’école, je la reprenais du mieux que je pouvais. Elle s’est battue pour que mon frère et moi devenions ce que nous sommes aujourd’hui. Zahra (Addioui), qui joue ma mère dans le film, n’est même pas actrice à la base. Et elle est incroyable. »

 

 Immigration

« Le problème est simple : pourquoi dit-on “issus de l’immigration ” ? Si on disait d’office, à tous ces jeunes, “Vous êtes Français ”, ce qu’ils sont, je pense qu’aujourd’hui il y aurait plus d’ouverture, pas autant de tensions. »

 

Jamel

« Il y a un écart de dix ans entre lui et moi. J’ai 26 ans, Jamel 36. Quand il est devenu champion du monde d’improvisation, j’avais 6 ans. Il m’a donné envie de jouer, de monter sur les planches. C’est lui qui m’a poussé à écrire mon premier spectacle, à tenter la scène… Aujourd’hui, je n’ai qu’un prénom. A moi de prouver ce que je sais faire. Je crois que La Désintégration montrera vraiment de quoi je suis capable. »

 

Islam

« Le film ne dénigre pas la religion. Il montre plusieurs islams : celui de la mère, celui de l’imam et celui de l’endoctrinement. Les gens ont pris l’habitude d’associer islam et terrorisme. C’est une erreur. Les extrémistes sont en minorité. Ils utilisent la religion pour délivrer un message politique. L’islam doit vous porter vers la sainteté, inviter à aider son prochain, à apprendre, à voyager… Pas à prendre la vie de quelqu’un. Les extrémistes, que le gouvernement les arrête, qu’il les expulse. Pour moi, ils ne représentent pas l’islam. »

 

Titre

« Sur le tournage, des jeunes se pointaient pour nous crier leur mal-être : “On n’est pas là pour s’intégrer. Ils font en sorte qu’on se désintègre.” Et après ça, on a quoi ? “Il faut kärchériser les banlieues” ? Ça démotive encore plus. Le titre est venu de là. »

 

France

« Bien sûr que je suis heureux en France. Je kiffe ce pays ! C’est mon pays ! »

 

La Désintégration, de Philippe Faucon, avec Rashid Debbouze, Yassine Azzouz. Sortie le 15 février »