Nombre de journalistes s’en plaignent même s’ils en ont pris l’habitude : Franck Riester, Bruno Beschizza, Valérie Rosso-Debord et Sébastien Huyghe, les quatre « snipers » de l’Elysée, dégainent au moindre battement de cil de François Hollande. Leurs munitions ? Des communiqués de presse cinglants, envoyés par salve sur les boîtes mail des « accrédités» UMP. Souvent, pour dire tous la même chose, quelquefois en se répartissant les thèmes selon leurs affinités. Mais la simultanéité est garantie en cas d’attaque, comme avec les moustiques. Pourquoi les moustiques ? « On ne se prend pas au sérieux », assure Huyghe, qui se souvient du premier groupe de députés, qu’ils avaient formé en 2007 autour de Bruno Lemaire et Benoist Apparu, auto baptisé les « djeuns qui n’en veulent ». Lucides, ils savent aussi que les Baroin, Lemaire, Chatel, Pécresse ou autre Kosciusko- Morizet ont une longueur d’avance sur eux. Mais parce que ces ministres qui pensent à 2017 sont déjà installés dans le paysage, ils ne risquent plus leur réputation en harcelant les socialistes à tort et à travers. Les moustiques, eux, ne font pas de manières. De surcroît, ils n’aiment pas être « traités » de sniper. « Un sniper, ça tire n’importe comment, ça tue pour un rien, et c’est lâche », assène la seule femme de l’équipe, qui signe désormais ses SMS comme une star, par ses initiales, VRD… Leur dévouement à l’égard de Nicolas Sarkozy est sans borne. « Dès qu’on s’en prend à la personnalité du président, on ne laisse pas passer », assure Franck Riester, le beau gosse du quatuor. Il faut dire que le président les bichonne, ses « riposteurs ». Un jeudi sur deux – sauf annulation de dernière minute –, ils ont droit à une réunion à l’Elysée. Sarkozy les tutoie quand, eux, s’en tiennent au voussoiement. « Il sait nous motiver, il nous incite à prendre la parole, à nous faire remarquer », se pâme VRD. Lors des réunions hebdomadaires de la cellule Riposte de l’UMP à laquelle ils participent aussi, l’insubmersible Brice Hortefeux les chauffe à blanc : « Le président voit tout, le président sait tout. » Une façon de leur laisser entendre que ceux qui se distingueront pendant la campagne seront récompensés lors de la distribution des portefeuilles en cas de victoire de Sarko. Comme chacun s’est spécialisé sur un sujet (voir portraits), ils ne se battront pas pour les mêmes ministères. « On s’apprécie, on se parle beaucoup et il n’y a pas de chef », précise Riester. Pour illustrer cette entente cordiale, Sébastien Huyghe rapporte cette anecdote : « Le dimanche 22 janvier, nous avons regardé ensemble le meeting du Bourget afin de coordonner l’offensive. En voyant que c’était Yannick Noah qui ouvrait le bal, j’ai noté la contradiction entre le discours fiscal de Hollande et ses actes, puisque Noah doit plus de 500 000 euros aux impôts ! Eh bien, c’est Valérie qui a utilisé l’argument dans les médias sans que ça pose problème. » VRD, qu’on présente souvent comme la rivale de Nadine Morano, le souligne : « Notre force, c’est la spontanéité. Contrairement à nos adversaires socialistes, nous n’avons pas un Manuel Valls à qui il faudrait soumettre nos textes. » En général, le communiqué est adressé par SMS à Ludovic Guillot, leur attaché de presse, qui fait quelques corrections de forme, et c’est parti. « Parfois, on frappe fort, reconnaît l’ancien officier de police Bruno Beschizza, candidat dans le 9-3. Mais jamais en dessous de la ceinture. On n’attaque pas les personnes. On ne dira jamais qu’untel est un “sale mec” par exemple… » Côté socialiste, on n’est pas convaincu par le code de bonne conduite des snipers d’en face. « Tu parles, s’étrangle Guillaume Bachelay, patron de la cellule argumentaire du candidat socialiste. Je tiens à votre disposition tout un lexique de noms d’oiseaux dont ils ont affublé François Hollande. Ce sont les quatre Dalton d’une campagne Rantanplan. » Ce proche de Laurent Fabius est une pure machine à slogans. « On nous accuse d’être suffisants ? Je les trouve, moi, très insuffisants, poursuit Bachelay. Ces riposteurs sont des imposteurs. Mais j’ai l’impression que la présidence les a déjà recadrés car ils me semblent beaucoup moins actifs sur Tweeter. » Des secrets de fabrication des argumentaires socialistes, nous ne saurons pas grand chose. « Quand vous allez dans un grand restaurant, vous ne demandez pas à visiter les cuisines », justifie Bachelay. Certes, mais quand le chef le propose, on le prend comme un honneur.

« PARFOIS, ON FRAPPE FORT, RECONNAÎT L’ANCIEN OFFICIER DE POLICE BRUNO BESCHIZZA, CANDIDAT DANS LE 9-3. MAIS JAMAIS EN DESSOUS DE LA CEINTURE. ON N’ATTAQUE PAS LES PERSONNES. »

 

VALÉRIE ROSSO-DEBORD

Age : 41 ans.

Mandat : Députée de Meurthe-et- Moselle.

Spécialité : Les questions sociales.

Signe distinctif : Petite cousine du penseur situationniste Guy Debord.

Son trophée : Elle a pointé du doigt les démêlés fiscaux de Yannick Noah, chauffeur de salle lors du meeting de Hollande au Bourget.

Quand elle range son flingue : Elle revoit pour la énième fois Autant en emporte le vent, mais peut aussi s’enthousiasmer pour La vérité si je mens 3

 

FRANCK RIESTER

Age : 38 ans.

Mandat : Député-maire de Coulommiers.

Spécialité : Culture et communication.

Signe distinctif : Il est l’un des rares ,hommes de droite à avoir fait son coming out.

Son trophée : Il a dénoncé, dans une lettre au Conseil supérieur de l’audiovisuel, le « monopole du temps de parole dans les médias » des dirigeants socialistes. Du coup, le CSA a demandé plus de vigilance aux chaînes d’info.

Quand il range son flingue : Il lit beaucoup. Actuellement, il recommande Le populisme, la pente fatale, du politologue Dominique Reynié.

 

BRUNO BESCHIZZA

Age : 43 ans.

Mandat : Conseiller régional dans le 9-3.

Spécialité : Sécurité.

Signe distinctif : Ex-syndicaliste policier, c’est un « Guéant boy » assumé.

Son trophée : Une formule qui a fait mouche, « Hollande est un bon chef d’orchestre avec une vieille partition ».

Quand il range son flingue : Il s’occupe de sa femme et de ses cinq enfants.