Style Le 10/12/2015 par La rédaction

Fusalp, de la montagne à la ville

La crème des équipements de ski 100% français appartient, depuis un an et demi maintenant, à la plus influente famille du sportswear de l’Hexagone : les Lacoste. Lumière sur la renaissance d’une institution megevoise, et rencontre avec la directrice artistique maison, Mathilde Lacoste.

Par Félix Besson

 

Petite marque issue des cimes alpines, Fusalp est depuis plusieurs décennies le compagnon rêvé des skieurs compulsifs. Son mantra? La coupe importe autant que la performance. Fondé par des tailleurs en 1952, le label se veut au plus proche des attentes de sportifs affirmés, mais pas seulement.

Il y a un an et demi, la famille Lacoste rachète la petite entreprise basée à Megève, avec pour but de réhabiliter cette référence de l’habillement ski en la faisant rentrer dans le cercle très fermé des labels sportswear en vogue. Mathilde Lacoste, nommée directrice artistique des lignes de prêt-à-porter et d’accessoires, redouble de créativité et d’initiatives saison après saison pour redonner à la marque sa notoriété d’antan.

Du showroom flambant neuf à la boutique de la rue des Blancs Manteaux, Fusalp investit la capitale française en grande pompe cet hiver, tout en restant fidèle aux valeurs qui ont fait sa réussite. C’est dans le cadre de l’inauguration du showroom, situé dans la très hype rue du Faubourg Saint Denis, que nous avons rencontré l’une des têtes pensantes de cette success story made in France. Retour sur une créatrice aussi inspirante qu’inspirée.

Mathilde Pigeon Lacoste

Pourquoi avoir choisi Fusalp?

Philippe et Sophie (ndlr: Philippe et Sophie Lacoste), qui sont mon mari et ma belle-soeur, ont choisi de racheter cette marque car elle représente un peu les même valeurs que nous avons chez Lacoste. Quelque chose de très fort et qui nous ressemblait beaucoup. L’histoire du sport comme support de philosophie, de valeurs, c’est cela qui nous a intéressé sur ce sujet. En plus de cela, leur grand-mère était originaire de Megève, il y a donc eu une vraie affection avec cette marque. C’est un peu « bobo » comme idée, mais c’est beau.

 

L’esthétique Fusalp est-elle la même que chez Lacoste?

Pas exactement. La marque a ses codes, qui sont différents. L’histoire même de Fusalp est différente : elle a été créée par des tailleurs à la base, et non un sportif qui a supporté une discipline. Ces tailleurs ont souhaité donner de l’allure aux  gens dans la pratique du sport, du ski notamment. C’est pourquoi il y a un vrai intérêt, une vision moderne sur le sujet. Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est l’idée de pouvoir croiser les choses. C’est à dire les codes urbains qui viennent plus ou moins se coller sur le sport, et vice-versa.

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Quel était vos plus gros challenge dans ce projet?

Le plus gros challenge est de réussir à crédibiliser nos projets sur des collections plus estivales. Sur la collection d’été que l’on présente, il y a malheureusement peu de pièces. On a un gros focus sur l’hiver, mais le sujet est en développement. Nous nous sommes inspirés des sports autour du lac d’Annecy, car nous avons remarqué que tous les skieurs, l’été, sont soit sur la côte d’Azur pour surfer, soit sur les lacs où ils font beaucoup de paddle. Finalement il y a un vrai pont, un vrai lien entre les deux.  Nous avons élaboré un prototype de combinaison que nous allons tester, mais nous produisons également des combinaisons pour le sportif. Fusalp vient de développer un petit skitribe sur la collection d’après. Ce ne sont pas les mêmes matières, mais on reste sur la même silhouette, extrêmement moulante, qui se porte en superposition.

 

L’ouverture de votre première boutique parisienne en octobre a-t-elle changé la donne?

Oui, cela nous donne en fait un contact supplémentaire avec la clientèle. Jusqu’à présent, nous avions une clientèle plutôt de montagne, maintenant elle s’étend aux villes. Là c’est beaucoup plus facile, car en rentrant dans la boutique, le client a un vrai ressenti. Les étrangers sont totalement captivés par la boutique, des Australiens le plus souvent. C’est une vraie volonté de développer la marque, de l’emmener quelque part. L’objectif est aussi de réussir à s’exporter : nous venons de signer un contrat avec le Canada, on vise les pays d’Amérique du Nord, qui sont les plus gros consommateurs au point de vue mondial. Ils ont également un pouvoir d’achat potentiellement en phase avec notre projet, car nous restons assez élevés en terme de prix.

 

Vous avez donc réveillé une belle endormie?

Oui, c’est cela. La marque n’avait pas trop été abîmée lorsque je suis arrivée, mais c’est vrai qu’ils n’avaient pas de culture ni de vrai conscience de ce qu’était leur marque. Les codes n’étaient pas utilisés à bon escient. Les dernières années, on assistait plutôt à de la capture opportuniste des tendances. La marque ne se repenchait sur ses propres produits. La première chose que j’ai faite en arrivant était d’aller fouiller dans le grenier , où j’ai trouvé des trésors.

 

Où se situent les sites de production?

Dans la lignée des traditions, nous faisons du Made in France sur la partie « Montant », qui est une marque de maille. Mais sur le reste, nous rapatrions une partie de la production entre le Portugal et l’Italie. Le problème est qu’en France, il n’y a plus rien. On ne peut pas inventer des unités de production qui n’existent pas. Le bassin textile français s’est presque éteint dans les années 80 à cause de la politique de l’époque. Alors nous avons trouvé d’excellents artisans italiens, qui réussissent l’exploit des belles coupes en utilisant matières techniques fidèles à Fusalp.

 

Fusalp, 9 rue des Blancs Manteaux, 75004 Paris, www.fusalp.com.

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