Mon premier, Lewis Hamilton, est l’un des pilotes les plus rapides du monde. Mon second est le patron de McLaren, Ron Dennis. Le duo, l’un des plus détonnants du paddock, répond à l’ombre tutélaire de leur partenaire Hugo Boss à une interview en huit minutes chrono.

L’Optimum : Paradoxalement, les Formule 1 sont moins rapides aujourd’hui qu’il y a un certain nombre d’années, vous n’êtes pas frustrés ?

Lewis Hamilton : C’est sûr que les voitures ne vont pas aussi vite qu’avant, mais elles vont vite quand même. Et puis, plus la vitesse augmente, plus les turbulences et les mauvaises vibrations s’accroissent. Du coup, il est plus difficile de doubler. Chaque époque a ses avantages et ses inconvénients, c’est comme ça. Bien sûr, je regrette l’époque où nous avions un V10 avec 200 chevaux de plus. Avec un V10 aujourd’hui, on pourrait se lancer à 360 km/h en ligne droite, ce serait fantastique, mais on n’a pas ça pour le moment, et comme on essaie aussi de maximiser les performances des moteurs pour limiter les nuisances sur l’environnement, on ne peut pas tout faire !

Ron Dennis : Au début, les pistes plates et droites comme Reims étaient la norme, mais les F1 auraient été démesurément rapides si elles avaient été autorisées à y courir. Même dans les années 60, les pilotes tournaient à Reims à plus de 200 km/h en moyenne au tour ! En fait, les voitures sont devenues plus rapides, mais aussi plus sûres. Et les pistes plus lentes et plus sûres. C’est un vrai progrès. Pour n’en citer que quatre, il reste des circuits magnifiques comme Silverstone, Monza, Spa ou Monaco.

Aves-vous toujours autant de poussées d’adrénaline après toutes ces années en Formule 1 ?

L.H. : Bien sûr. J’aime ça depuis que je suis né. Avant de savoir marcher, j’avais déjà un volant entre les mains et je voulais déjà faire quelque chose d’excitant, de dangereux, de fun et de rapide. Je suis monté très tôt sur un vélo, je faisais des cascades et ce côté casse-cou ne m’a jamais quitté. Piloter une Formule 1 est de loin l’expérience la plus incroyable qui m’ait été donnée de vivre. A chaque fois que je me glisse dans la voiture, je me dis que j’ai de la chance, que c’est une opportunité extraordinaire. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus, alors tant que je cours, je m’efforce d’y prendre du plaisir.

R.D. : Pour entrer en Formule 1 par la grande porte dans les années 60, il fallait soit être riche, soit être très rapide. N’étant ni l’un ni l’autre, j’y suis entré par l’engineering, ce qui était assez inhabituel à l’époque. Faire de la F1 paraissait aussi dingue que marcher sur la Lune… pas impossible, mais improbable. Quarante-cinq ans plus tard, malgré tous les changements, j’aime toujours autant la F1 et ça continue de m’exciter.

Qu’appréciez-vous le plus dans un grand prix ?

L.H. : Le pilotage, le pilotage et le pilotage. C’est la course roue contre roue, les tours de qualification… C’est quelque chose d’assez unique, et comme c’est la seule chose que je sais faire, j’essaie de le faire bien !

Qu’est-ce qui est le plus important, la vitesse ou la stratégie ?

L.H. : Je ne peux pas vous dire. Il y a plein de paramètres qui entrent en ligne de compte, la voiture, le pilote, les pneus, avant-arrière, la jauge d’essence… c’est un mélange de tout cela.

R.D. : Un pilote est aussi rapide que sa voiture, et réciproquement ! Les deux sont complémentaires et indivisibles. Mais évidemment, la F1 c’est bien plus que la maîtrise de la vitesse, même pour les pilotes. Les bons pilotes ne sont jamais idiots, les grands pilotes sont toujours brillants. Conduire une Formule 1, c’est manager une série de paramètres complexes dans des situations extrêmes. Le résultat, si on le fait correctement, qu’on a un talent rare et beaucoup de courage, c’est la vitesse.

Finalement, quand on voit votre track record, on se dit que l’endurance est peut-être plus importante en F1 que la vitesse ?

R.D : Les deux qualités sont cruciales. Pour terminer premier, il faut d’abord terminer. Durer est donc aussi important qu’aller vite. Et  le corollaire de tout ça, c’est que la vitesse est également aussi importante que l’endurance. C’est tellement vrai que terminer second revient à être le premier des losers.