Style Le 11/05/2016 par Felix Besson

Sébastien Kopp, co-fondateur de Veja et de Centre Commercial

Ils sont jeunes, fourmillent d’idées, et proposent des concepts singuliers aux sérieux atouts allure. Considérés comme la jeune garde de la création actuelle, ce sont également de redoutables businessmen qui, à coups de silhouettes efficaces, de rentabilité et de fabrication inédite, renversent les codes du luxe actuel. L’Optimum s’est entretenu avec les 7 jeunes hommes les plus prometteurs du moment, afin de comprendre les rouages de leur réussite fulgurante. Rencontre avec le 5e en date, Sébastien Kopp.

Par Félix Besson

 

Véritables pionniers dans la fabrication de baskets responsable, Sébastien Kopp et François-Ghislain Morillion dament le pion aux grandes enseignes du sportswear en créant un modèle aussi désirable qu’éco-friendly. Devenu une institution parisienne au fil des années, le label a usé de sa notoriété ascendante pour soutenir un nouveau projet : Centre Commercial. Espace brut du Paris canal Saint-Martin, dédié à la jeune création et aux marques qui prônent la production transparente, le concept-store applique une nouvelle manière de consommer et rejoint les valeurs fondatrices de Veja pour appuyer les nouveaux grands noms de demain. C’est entre deux collaborations avec la crème des petites marques françaises que Sébastien Kopp, l’une des deux têtes pensantes du concept, nous a parlé sneakers, engagement écologique et développement réfléchi.

Quelle a été l’idée de départ du projet ? 

L’idée était de créer une basket qui déconstruise tout l’outil industriel de production, pour le reconstruire de manière clean à chaque étape. Insuffler un impact positif à chaque étape de la fabrication, concept assez difficile d’accès pour le grand public, mais que je pense novateur, et malheureusement encore trop aujourd’hui. Pour la toile, on a remonté le fil de production pour trouver des producteurs issus de petites coopératives, qui travaillent de façon agroécologique, c’est à dire encore plus loin que le bio. On a fait la même chose pour le caoutchouc des semelles, que l’on source en Amazonie : on travaille avec des producteurs de caoutchouc qui vivent dans la forêt. Ensuite, on l’a appliqué à toutes les matières premières de Veja, en créant la première basket «clean » au monde.

Où en êtes-vous niveau développement?

Nous n’avons aucun investisseur. Veja, d’un projet un peu aventurier, est devenue une marque établie. On emploie une cinquantaine de personnes. La croissance n’est pas exceptionnelle, mais nous nous développons de manière solide, maîtrisée.

Comment est né Centre Commercial?

Avec le succès de Veja, nous avons voulu ouvrir un lieu qui fédère les marques qui produisent de façon transparente, avec une plus-value sociale, environnementale ou économique. Mais pour chacune, il fallait quelque chose de très particulier au niveau de la production, de très engagé. On a beaucoup de made in France par exemple, de made in Portugal, des baskets conçues de manière écologique…

Toutes les pièces présentes ont donc une valeur ajoutée éthique?

Je préfère parler de transparence. Le mot « éthique » a beaucoup été détourné et ne veut plus dire grand chose aujourd’hui. Transparence signifie que les marques que nous présentons ici sont limpides vis à vis de leur production, de leur politique économique et sociale.

De créateur, vous êtes donc passé à acheteur?

Oui, le but étant de se servir de la notoriété de Veja pour promouvoir et lancer les labels vendus ici. Des marques comme Larose, qui conçoit des chapeaux, Christine Phung, qui a eu le prix de l’Andam deux ans après. Ce sont des lancements ou post-lancements de marques assez neuves, nous voulons être un tremplin pour la jeune création.

Avez-vous transposé les valeurs insufflées à Veja pour Centre Commercial?

Oui, finalement c’est un prolongement de Veja. Avec un lieu dans lequel on peut s’exprimer différemment, dans lequel on peut fédérer des projets de marque, faire des évènements et créer un concept à la croisée des chemins entre notre pied qui est dans la mode et l’autre pied qui est dans l’engagement environnemental.

Vous démocratisez la transparence en quelque sorte? 

C’est un peu ça oui. C’est le fait de remonter le cours des choses et se poser un peu plus de questions plutôt que d’être un simple consommateur qui consomme la publicité ou les artifices par lesquels on essaye de nous faire acheter. Pour Veja et Centre Commercial nous n’avons pas de budget de publicité ou de marketing, nous communiquons sur une façon différente de produire, ainsi que nos innovations écologiques et sociales.

Veja en 5 chiffres :

0, le nombre d’investisseurs

5 fois plus, le rapport entre le coût de production d’une basket Veja et d’une basket lambda

50, le nombre de salariés au sein du label

50 (encore), le nombre de pays où la marque est vendue

5.945.800 € de chiffre d’affaire en 2014

Centre Commercial en 5 chiffres :

250 m2, la surface de vente totale à Paris

12 salariés pour les deux boutiques réunies

30 lancements en 5 ans

170, le nombre de marques présentes toutes catégories confondues

12,7K, le nombre d’abonnés sur Instagram

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