Style Le 01/02/2017 par Felix Besson

Rencontre : Essius, ou l’art du détail

La griffe tout droit venue de Zurich a présenté sa première collection lors de Fashion Week masculine de Paris. Essius propose un renouvellement élégant du vestiaire masculin, jonction entre le classicisme et le modernisme. Avec un processus créatif inspiré du dadaïsme, le label prouve par a+b que l’allure est une affaire de détails et de démarche. Rencontre avec le duo Adel Najah et Youn Chong Bak.

Par Ewa Kluczenko et Félix Besson

 

Essius joue avec les détails, les courbes, les textures. Essius joue aussi à rendre le style masculin plus rutilant, sans jamais franchir la barre du too much. Le revers LC4 par exemple, inspiré de la chaise longue du Corbusier, orne l’ensemble des pièces à manches pour la saison, de même que les laines à chevrons évoquant les Alpes Suisses. La marque revisite les essentiels d’une garde-robe masculine classique en proposant deux sortes de tailoring: droit à trois boutons et semi-croisé, le tout dans la plus grande subtilité sartoriale.  Ainsi, on trouve la phrase « Engage le jeu que je gagne » au détour d’une étiquette cousue dans les poches intérieures,  et des chemises à patte cachée dont le col maillé est inspiré du polo. Pas de doute, l’attention portée aux détails est de taille. L’occasion de s’immiscer dans les coulisses de ce duo prolifique.

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Comment êtes vous rentrés dans le business ? 

Adel Najah : Très jeune, afin de me faire de l’argent de poche, j’ai vendu des vêtements dans une boutique de prêt-à-porter. Dès lors, comme une passion, je suis rentré dans cet univers et ai décidé d’en faire ma vie. Je n’ai jamais dévié de cette industrie depuis.

Youn Chong Bak : Après mes études de stylisme et modélisme, je suis rentrée chez Francesco Smalto et en 2007 j’ai été nommée directrice de création.

Pourquoi avoir créé votre propre marque ?

A.N. : C’est parti d’un constat personnel. Ayant été CEO d’une structure genevoise, je ne trouvais pas de costume respectant les codes et le savoir faire du « fait main » que mes responsabilités exigeaient, une coupe adaptée à l’utilisation, le tout en étant contemporain. Toute l’offre des costumes de bonne facture répondait à deux univers triviaux et distincts : l’un d’aspect classique, l’autre trop mode. Je ne me reconnaissais ni dans l’un ni dans l’autre. Persuadé que d’autres devaient faire face à ce même dilemme, l’idée d’ESSIUS a germé.

Y.C.B. : Cette envie m’a prise il y a environ 2 ans. J’ai voulu donner un nouveau souffle au vestiaire traditionnel masculin. La maison Francesco Smalto est tenue par une tradition et beaucoup de codes, j’avais tout simplement envie de les casser et d’en faire mon propre style.

Décrivez-nous votre vision de l’homme moderne.

A.N. : C’est un homme averti, alerte, cultivé, connecté et précis. Il doit en même temps répondre aux attentes de ses fonctions professionnelles et aux besoins de sa vie privée. Ses habits se doivent d’être adaptés et compatibles avec la vie qu’il mène : habillé mais confortable en toute situation.

Y.C.B. : L’homme moderne porte une grande attention sur la qualité mais aussi sur le design. Il n’a pas envie de ressembler aux autres mais plutôt d’avoir son propre style qu’il affirme.

Pourquoi cette attention si particulière aux détails ?

A.N. : C’est par référence au luxe absolu. Un luxe tantôt intime lorsqu’il se cache dans un revers d’une veste ou un pli de confort dans une doublure, tantôt assumé lorsqu’il s’exprime à travers une boutonnière à la milanaise, ou une chemise 3 points cousu main.

Y.C.B. : C’est le détail qui fait la différence, mais il faut bien le choisir.

Vous vous inspirez du dadaïsme. Quel est le rôle de ce mouvement dans vos créations ?

A.N. : Le dadaïsme agit comme une étincelle à la création, celle qui permet de casser les codes du tailoring classique.

Y.C.B. : Le mouvement Dada était un mouvement intellectuel, littéraire et artistique qui, pendant la Première Guerre mondiale, se caractérisait par une remise en cause, de toutes les conventions et contraintes idéologiques, esthétiques et politiques. Tout simplement dit, casser les codes du vestiaire traditionnel masculin. Chez nous, ça se reflète particulièrement dans les costumes de la collection.

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Pourquoi avoir choisi Paris pour présenter votre première collection ?

A.N. : Afin d’obtenir une couverture médiatique et commerciale de qualité, Paris est avec Milan, Londres ou New York l’une des villes incontournables dans la planète mode.

Y.C.B. : Paris n’est pas forcement attendue pour une marque de costume, ce qui nous permet de nous démarquer en tant que label et de nous affirmer. Et n’oublions pas que Paris reste la ville où j’ai tout appris.

Quelle stratégie de développement pour Essius ?

A.N. : Dans un premier temps, nous souhaitons implanter une stratégie de développement commercial à travers les grands comptes multimarques internationaux (EU, US et Asie). Nous envisageons également à très courte échéance l’ouverture d’une boutique en propre à Zurich, et de quelques pop-up en lien avec notre ADN.

www.essius.com

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