Entertainment Le 30/06/2016 par Felix Besson

7 athlètes français en couverture de l’Optimum de juillet-août

400 dollars pour Usain

Par Baptiste Piégay

 

De l’Olympisme, de ses vertus et de ses vices, tout a été dit.  Le sujet du Brésil a pareillement été épuisé – samba, favela, Zyka, et n’importe quoi rimant pauvrement, pour s’en tenir aux clichés les plus jaunis par l’usage.

Quant aux athlètes, les pauvres, n’en jetons plus ! Portant sur leurs épaules des symboles plus lourds qu’un marteau (7,257 kilos), plus imposants que le Christ du Corcovado jetant sur tout cela un regard probablement perplexe, les 10 500 athlètes engagés  (soit, à quelques âmes près, la population de Porto-Vecchio), n’ont guère plus besoin de nos commentaires.

Les épreuves sont assez nombreuses – 306, concernant 42 disciplines et 28 sports – pour disperser toute lassitude monomane, encourager la curiosité, et considérer son quotidien avec un autre œil. Il est à craindre que soudainement tout paraisse plus morne, plus mou. Que faire d’une vie à ce point dénuée d’enjeux ? Sans médaille ? Sans tonifiante endorphine ? Sans tour d’honneur ? Sans nuit sans lendemain avec cette championne de volley-ball ?

Il faudra se résoudre à courir à petites foulées autour du parc, un dimanche ou deux, en songeant qu’à 400 dollars la place, Usain Bolt devra bien aux spectateurs fortunés la réalisation un triplé, ou aux dettes engendrées par cette folle idée d’organiser un tel cirque.

A l’instar de l’Eurovision, tout le monde semble vouloir organiser les JO, pour le regretter ensuite. Ainsi, le fameux Nid d’Oiseau de Pékin (coût de construction : 325 millions d’euros, à quoi 8 millions s’ajoutent annuellement pour assurer son entretien), rouille en toute quiétude, accueillant de temps à autres une compétition, des visites à Segway, un match de football (devant guère plus de 10 000 spectateurs), un musée de cire où l’on peut croiser immortalisés les huit présidents du CIO, enfin, rien de bien excitant, convenons-en.

C’est à croire que l’Olympisme favorise l’enthousiasme précoïtal, dans la droite ligne de la fameuse formule de Clémenceau (« Le meilleur moment de l’amour, etc. »), l’emballement de la préparation, l’euphorie à l’état pur à l’instant T, bref, tout ce qui précède, avant que ne retombe l’espérance et que n’arrivent les factures.

Il est cependant un dernier cliché qu’il faut s’empresser de déchirer : celui voulant que cette compétition n’entretienne aucun rapport avec la mode. Eh bien,sachez que 1 milliard de téléspectateurs avaient suivi en 2012 la cérémonie d’ouverture des Jeux organisés à Londres, grand barnum, certes, mais surtout un défilé de mode à ciel ouvert et en mondiovision. Nul hasard, donc, à ce que les grandes maisons de mode, se disputent les faveurs des délégations : Lacoste et la France, Ralph Lauren pour les Etats-Unis, Giorgio Armani pour l’Italie…

Il en va ainsi des Jeux Olympiques, petit précipité chimique où se bousculent comme autant de molécules anticipation, joies, déceptions, grand marché, spectacle, ennui, emballements. Et à se demander ce qui peut bien aimanter ainsi tant de regards sur des disciplines qui d’ordinaire passent inaperçues, une réponse vient : ils nous tendent un miroir – qu’ils nous appartient de rendre encourageant.

OPT85_COVER6

Sur le même thème

Votre avis nous interesse