Entertainment Le 01/08/2016 par Felix Besson

Dilaudid, l’opium de la pop

 

Prince ne pouvait s’en passer. Et avant lui, le King Elvis. Le Dilaudid est un médicament extrêmement puissant qui peut s’avérer fatal s’il est consommé à haute dose.

Par Hélène Brunet-Rivaillon

 

Ses adeptes l’appellent la « drug store heroin », l’héroïne de supermarché. L’hydromorphone, cette fameuse drogue du coin de la rue, est commercialisée sous différents noms selon les pays. En France : « Sophidone » ; aux États-Unis et au Canada : Dilaudid. C’est un analgésique opioïde, un dérivé de la morphine habituellement prescrit aux patients en soins palliatifs, après une intervention chirurgicale, ou pour atténuer des douleurs chroniques. Ses effets seraient jusqu’à dix fois supérieurs à ceux de la morphine.

Le docteur fou du petit Prince

Quelques heures à peine après la découverte de la star inanimée, le 21 avril dernier à son domicile de Minneapolis (Minnesota), un homme se faisant appeler « Docteur D » et qui aurait été le dealer de Prince de 1984 (l’année de Purple Rain) à 2008, s’est confié au Daily Mail, quotidien à scandale britannique. Selon lui, Prince avait des crises de trac très handicapantes avant les concerts, qu’il tentait d’apaiser par l’automédication et la consommation d’opiacés. Lors de leur rencontre, au milieu des années 80, le chanteur était, paraît-il, déjà complètement accro. Le Dilaudid était sa pilule fétiche. Achetées sous le manteau et gobées à la vue de tous comme un simple remède sur ordonnance, ces capsules d’analgésique étaient un moyen bien plus discret de se shooter que de sniffer de la coke ou se piquer comme beaucoup d’artistes de l’époque. Selon le Doc autoproclamé, les dernières fois qu’ils avaient fait affaire, Prince lui avait acheté de très fortes quantités de Dilaudid pour assurer ses performances au Superbowl de Miami en 2007 et au festival Coachella en 2008. Le dealer se souvient même lui avoir vendu pour 40 000 dollars de pilules de Dilaudid et de pactes de Fentanyl en une seule fois : de quoi assurer sa consommation pendant six mois. Depuis, les deux hommes ne s’étaient pas recroisés. Prince avait posé ses valises dans le Minnesota, et le mystérieux Docteur D avait quitté Los Angeles pour s’établir à Coachella Valley. Pour le faux toubib, l’addiction de la pop star au Dilaudid, combinée aux traitements prescrits par ses vrais médecins (lesquels ignoraient peut-être les quantités d’analgésique qu’il ingurgitait en douce depuis des décennies), pourrait avoir constitué le cocktail fatal.

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Le docteur placebo du King

Prince n’était pas la première idole à être friand du Dilaudid. En son temps, Elvis Presley aussi en gobait plus que de raison avant de monter sur scène. George Nichopoulos aka Dr. Nick, qui a soigné le King pendant les dix dernières années de sa vie, en sait quelque chose. Accusé d’avoir contribué au décès d’Elvis par overdose le 16 août 1977 à Memphis (Tennessee) en lui prescrivant des doses de médicaments trop élevées (à la suite de quoi il s’est vu interdire l’exercice de la médecine), il a pourtant tenté de se justifier en avançant qu’il avait tout essayé pour protéger son patient. Il aurait ainsi passé des heures à confectionner des placebos en vidant des capsules à l’aide de seringues et en les remplissant d’eau salée inoffensive. Il raconte même être parvenu à persuader Knoll, le laboratoire qui commercialisait les Dilaudid, de faire une fournée spéciale d’un millier de pilules sans produit pour préserver la santé du roi du rock’n’roll. Après un an de négociations avec la firme, il aurait obtenu ces pilules bidon, moyennant 5,98 dollars par unité.


25 ans

de dépendance aux analgésiques à usage récréatif pour Prince, selon son dealer présumé

200 à 300 $

le coût quotidien de la consommation « Princienne » de drogues

5,98 $

le prix de la fausse pilule de Dilaudid que le docteur d’Elvis Presley lui procurait

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