Entertainment Le 03/02/2016 par Felix Besson

Décryptage : la valse des directeurs artistiques

Même si vous n’avez pas ne serait-ce qu’un doigt de pied dans le mercato mode, vous avez sûrement entendu parler du traffic intense qui sévit dans les hautes sphères de la création. Surtout que depuis le début de la semaine, cette lame de fond s’attaque à la mode masculine. Où regarder, sur qui miser, de qui parler pendant un dîner ? Immersion dans les coulisses de ce phénomène de société, en version simplifiée pour les profanes.

Par Félix Besson

 

Tout a commencé le 22 octobre 2015. Le temps maussade, les températures en dessous des normes de saison ne laissaient rien présager de bon. Et là, à 15h, l’information tombe : Raf Simons quitte ses fonctions de directeur artistique de la maison Dior. Exactement six jours plus tard, c’est le talentueux Alber Elbaz qui claque la porte de la maison Lanvin, pour laquelle il exerçait depuis 14 ans. Aujourd’hui, c’est au tour de la mode homme de subir ces changements brutaux, et à nous d’entretenir les spéculations sur les nominations à venir.

Les trois départs simultanés dans le microcosme du bespoke italien ont eu raison des rumeurs qui enflaient : Brendan Mullane quitte la maison Brioni après 4 ans passés à la tête de la direction artistique, Stefano Pilati annonce son intention de stopper sa collaboration avec Zegna débutée en 2013 et Alessandro Sartori abandonne le navire Berluti qu’il commandait depuis 2011. A ce trio s’ajoutent des suppositions plus ou moins fondées du départ d’Hedi Slimane de Saint Laurent, qui renverse tous les codes habituels en transportant son show homme à Los Angeles, boudant la capitale française qui lui sert de vitrine à l’accoutumée. On entendrait aussi le glas de fin entre la maison Dior Homme et l’autre génie créatif belge du devant de la scène, Kris Van Assche. Mais le conditionnel s’emploie si facilement de nos jours que personne n’est sûr de rien, et que les hypothèses les plus farfelues sont présentées comme l’arrivée d’un nouveau vaccin contre le virus Zita. Donnez un coup de shaker aux informations ci-dessus, faites places aux arrivées les plus plausibles de l’année 2016.

AMI BERLUTI

Commençons par la rumeur la plus solide : on annoncerait le fondateur du label Ami, Alexandre Mattiussi, pour remplacer l’italien sortant à la tête de la maison Berluti. Chose possible en soi, puisqu’en 2013, le créateur est le premier à faire remporter l’ANDAM à une marque de prêt-à-porter masculin, victoire après laquelle les pluies de compliments et de médiatisations se sont fait torrentielles. Autre point à souligner, Alexandre Mattiussi a fait précédemment ses armes chez Givenchy, autre marque phare du groupe LVMH, il a donc déjà œuvré au profit du plus gros groupe luxe au monde. Enfin, son style décontracté mais néanmoins ultra premium coïnciderait totalement avec la nouvelle vision bespoke du easy-to-wear que la maison italienne veut donner.

Un tantinet moins officielle, la seconde hypothèse vaut la peine d’être entendue. Stefano Pilati, 8 ans de création chez Yves Saint Laurent, 3 ans chez Zegna, serait proclamé digne remplaçant d’Alber Elbaz chez Lanvin. Et c’est là que les choses deviennent intéressantes : deux médias, le WWD et le Marie Claire Italia, appuient sur la possibilité pour le créateur de rejoindre le poste vacant au sein de la maison française. Probable donc, que la boucle soit pratiquement bouclée trois mois après le coup de tonnerre du départ de monsieur Elbaz. Dans les faits, le style Pilati tel qu’il l’a exposé chez Yves Saint Laurent et Zegna est assez empreint de poésie et de sophistication pour engendrer une nouvelle image dynamique chez Lanvin sans pour autant détruire les codes de la plus vieille maison française.

Troisième et dernière rumeur grandissante, celle d’un coup d’état monumental. Hedi Slimane quitterait Saint Laurent pour investir la maison du 30 avenue Montaigne, Dior. Un retour aux sources qui serait totalement inattendu, puisque le créateur français a opéré aux manettes de Dior Homme de 2001 à 2008 avant d’être remercié. Même si cette probabilité sonne moins vrai que les deux précédentes, elle semble délicieusement prophétique. L’hypothèse se vérifiera d’ici quelques semaines, voire quelques mois, mais semble nourrir les passions les plus virulentes autant que les critiques les plus aiguisées. Les paris sont lancés.

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