Entertainment Le 22/12/2015 par La rédaction

Rencontres : leurs vies d’expats à Hong Kong

Chaque mois, « L’Optimum » partira à la rencontre des Français exilés aux quatre coins du monde. Cette fois-ci, les Frenchies de « la perle de l’Orient » nous racontent leurs étonnements et leurs emballements pour leur nouvelle ville d’adoption.
Installés sur cette terre ultralibérale, au large de la côte sud de la Chine continentale, les expatriés français avec lesquels nous avons échangé nous ont décrit leur quotidien. Ils nous ont aussi refilé leurs bonnes adresses, places to be ou spots underground. Immersion au carrefour des temples, des banques d’affaires et des forêts tropicales.

Par Hélène Brunet-Rivaillon

 

Sébastien Morin, 34 ans, Fondateur et directeur d’Ultra, marque de montres françaises vintage

Morin

Mon histoire avec l’Asie a déjà plus de dix ans. Pendant mon cursus à l’ESCP Paris, j’ai effectué des stages en Thaïlande et en Chine. J’ai même suivi des cours de langues orientales pendant une année. Et puis j’ai été recruté par LVMH pour qui j’ai travaillé à Hong Kong pendant neuf ans. Il y a quatre ans, avec un associé français, j’ai monté une première boîte, spécialisée dans la distribution de produits cosmétiques. Je suis un passionné de montres et, un jour, à la librairie Page One, en feuilletant un livre sur les montres anciennes, j’ai découvert Ultra, une marque française disparue en 1972, qui avait notamment créé le premier modèle de montre automatique français.

C’est comme ça que j’ai eu l’idée de relancer la collection Ultra en France, à Hong Kong et, à terme, un peu partout dans le monde. Même si cette nouvelle activité me laisse peu de temps libre, j’essaie d’en trouver pour aller faire du surf à Tai Long Wan pendant la période des typhons, du wake surf sur la plage de Tai Tam, ou du motocross dans les Nouveaux Territoires, à Sheung Shui. Dans le centre, j’aime aller choisir du thé chez TWG (IFC Mall, 1 Harbour View St., Central), déguster des whiskies japonais chez Yardbird (33 Bridges St.) et manger des fruits de mer au son du hip-hop local chez Tung Po, dans le marché couvert (Wet Market) de Java Road. Enfin, si vous passez par ici, allez faire un tour au XXX, une salle de concert géniale qui accueille des musiciens comme Chinese Man ou Whitest Boy Alive


Fabrice Vulin, 49 ans, Chef du restaurant Caprice (2 étoiles) du Four Seasons Hotel Hong Kong

Vulin

Je suis originaire de Briançon et j’ai travaillé pour de nombreuses tables, comme le Royal Monceau à Paris, le Pavillon Henri II à Villers-Cotterêts et le Château de la Chèvre d’Or à Eze. J’ai aussi été chef à Genève et à Marrakech. Je suis en cuisine ici depuis un an et demi mais le Caprice a déjà huit ans. L’une des choses qui me plaisent beaucoup à Hong Kong, c’est de pouvoir marcher dans la forêt en famille le week-end. Nous faisons le trail autour du Peak et nous profitons de la vue sur le détroit de Victoria Harbour. Je vais aussi parfois au marché aux fleurs, au marché aux oiseaux et au marché aux poissons. Nous allons quelquefois manger à la pizzeria Piccolo (Davis St., Kennedy Town, Western District), ou au One Dim Sum (une étoile au Michelin), ou tout simplement dans des petits restaurants de nouilles traditionnels. Et puis, tous les deux mois, nous allons à Macao, où nous mangeons portugais.


Arnault Castel, 41 ans, Fondateur des concept-stores Kapok

Castel

Je me suis installé à Hong Kong en 1996, juste avant la rétrocession, un peu par hasard. J’avais fait HEC Paris, je travaillais dans une banque et je voulais échapper au service militaire. Je suis tombé sur le film Chungking Express, qui se passe dans le quartier de Chung King House Mansions, à Hong Kong. Le lendemain, lors d’un entretien où on me demandait dans quelle ville je serais prêt à partir comme coopérant, j’ai répondu Hong Kong, le premier nom qui m’est passé par la tête ! Et ça a marché, je suis venu ici pour travailler à la banque Indosuez. Je parle très peu le cantonais, c’est une langue très difficile. Mais cela ne m’a pas empêché d’ouvrir six boutiques Kapok à Hong Kong (la première en 2006), trois autres à Singapour, ainsi que deux à Taipei (Taïwan) et trois au Japon. Ici, mes magasins sont petits car les loyers sont très chers. J’essaie de trouver des marques émergentes et des produits créatifs. J’ai commencé avec beaucoup de labels français, puis européens.

Aujourd’hui, je référence une centaine de marques au total. Hong Kong est une ville qui bouge beaucoup et il y en a pour tous les goûts. Par exemple, les amateurs d’art sont ravis, car nous avons un Art Basel, dont la troisième édition a eu lieu cette année, et des galeries sympas comme la galerie Edouard Malingue (33, Des Vœux Road Central) dont l’architecture et les expos valent le détour. J’aime aussi passer du temps au salon de thé de la librairie Eslite, dans le quartier de Causeway Bay. Elle est ouverte 24 h/24, et on y trouve une belle sélection de magazines, de la littérature chinoise et internationale, ou des livres de design intéressants. Côté restaurants, sans hésitation, je recommande le Mott 32 (4-4A, Des Vœux Road Central), un chinois situé au sous-sol de la banque Standard Charter, dans les anciens coffres. J’adore la déco, qui est un savant mélange entre le Hong Kong d’autrefois et le New York des années 1930. Le barbecue pork et les dim sum y sont délicieux. Ce qui est formidable ici, c’est qu’on peut profiter de la ville la semaine et aller se promener dans la jungle à Victoria Peak ou sur les plages de South Bay le week-end.


Igor Duc, 34 ans, Cofondateur et CEO de Native Union, création et commercialisation d’accessoires high-tech haut de gamme

Igor

Je n’ai pas une vie d’expatrié très classique. J’habite dans la jungle, dans une zone protégée, sur la plage de Clear Water Bay, dans une petite maison sur l’eau. Avant d’arriver ici il y a plus de sept ans, j’étais éditeur de mobilier en France. Je suis d’abord venu en Asie pour gérer la production de ma boîte. Et puis, avec un ami, nous avons décidé de nous lancer dans le design d’accessoires high-tech haut de gamme en créant Native Union ici. Nous nous sommes pas mal fait connaître avec notre Pop Phone, et notre dernier projet est la première coque de téléphone en marbre véritable. Parmi mes endroits préférés à Hong Kong, il y a les plages de Tai Long Wan, à une heure et quart du centre. On y va par bateau, puis en marchant : ces plages se méritent !

Cela étonne toujours les gens, mais on peut même y faire du surf ! Côté lieux à découvrir en ville, il y a le China Club (1 Bank St., Central) où vont beaucoup de Hongkongais. On y mange des dim sum excellents au petit déjeuner, et le cadre, dans l’ancien building de la Bank of China, est magnifique. J’adore ses escaliers en bois qui craquent ! L’une des plus belles vues de Hong Kong se trouve probablement sur la terrasse du Pier 7, au-dessus du quai d’embarquement des bateaux. On peut s’asseoir au bar ou apporter son pique-nique et contempler le coucher de soleil. L’un de mes pêchés mignons est le cocktail strawberry mojito glacé au Banania du bar du Feather Boa (9-11 Staunton St.). L’endroit ne paie pas de mine, mais on y passe de très bons moments ! Pour le shopping de livres, de disques, de sacs, de montres ou de bougies, je vais chez Kapok, à Sun St. Je vais aussi à Gought St., une rue du centre pleine de boutiques multimarques à thème.


Jean-Baptiste Aldigé 30 ans, Fondateur et directeur de Sport Inside Asia, marketing et événementiel sportifs

Aldige

Avant de créer ma société ici, j’étais venu à Hong Kong en tant que rugbyman, pour jouer au club du Valley RFC, le plus gros club hongkongais. J’ai aussi travaillé pour Gault et Millau, dans le cadre du lancement du guide des vins en chinois. Sport Inside a un chiffre d’affaires d’environ 1,2 million d’euros, et des clients comme la Société Générale, Natixis, Capgemini ou encore TV5 Monde. Quand je ne travaille pas, je prends le bateau pour rejoindre les îles des Nouveaux Territoires, comme Po Toi, où on mange avec les pêcheurs. C’est un aspect très surprenant de Hong Kong, mais nous avons de magnifiques plages de sable blanc et nous pouvons nager dans de l’eau transparente. Et prendre l’apéritif sur des junks boats. Le matin, j’aime bien acheter le South Morning Post, le quotidien local en anglais. Le soir, je vais parfois me promener à Ladies Market. On y trouve toutes sortes de choses à acheter, jusque tard dans la soirée. A Soho, le quartier des restaurants, je conseille d’aller dîner chez Oolaa, où la cuisine européenne se déguste notamment avec une sélection de vins australiens. Ici, les tailleurs sont à tous les coins de rue, Hong Kong est un super endroit pour se faire confectionner un costume sur mesure. Mais il faut tout de même compter cinq séances en moyenne pour qu’il soit parfait !


Thibault Pontallier, 29 ans, Fondateur & CEO de Pont des Arts, entreprise de vente de bouteilles de collection

Pontallier

Je vis à Hong Kong depuis cinq ans. Diplômé d’HEC Paris, j’avais déjà beaucoup travaillé à l’étranger avant d’arriver ici. L’une des choses qui m’a le plus étonné au début, c’est la densité de population, le nombre de tours et le prix très élevé du mètre carré. J’habite dans un petit 30 m2 dans le centre et je paie un loyer nettement plus cher qu’à Paris ! J’ai fait connaissance de mon futur associé, Arthur de Villepin,  sur l’île. Dès notre rencontre, fin 2010, nous avons décidé de créer la société Pont des Arts. L’idée était de mettre en relation des « wine makers » français et de grands artistes comme les peintres chinois Zao Wou-Ki ou Yue Minjun, pour proposer des bouteilles d’exception. J’ai grandi à Bordeaux, mon père est œnologue pour Château Margaux, je connais bien le marché vinicole.

Hong Kong a une position centrale stratégique en Asie, et la ville fourmille de jeunes cadres. Ici, il n’y a quasiment pas de taxes sur les vins. Nous commercialisons désormais nos produits dans une quinzaine de pays dans le monde et notre chiffre d’affaires annuel tourne autour de un million d’euros. Parmi les petits plaisirs incontournables de Hong Kong, il y a évidemment les massages. Pour cela, mes deux meilleures adresses sont le spa Happy Foot (1, Lyndhurst Terrace, 11th floor) et le Ten Feet Tall (137-141 Queen’s Road Central). Le soir, j’aime boire des verres sur la terrasse magnifique du bar Sevva (Prince’s Building, 10 Chater Road) ou faire la fête au Dragon-i (60, Wyndham St.), où il y a une super ambiance le week-end. Ou encore dîner à l’Aqua (1, Peking Road Shopping Arcade) ou prendre l’apéro au Café Gray (Pacific Place, 88 Queensway, Admiralty), deux des plus belles vues de Hong Kong. Pour les restaurants, je recommande L’Atelier de Joël Robuchon (401, The Landmark, Queen’s Road Central) et la table du Caprice, au Four Seasons.


En chiffres:

7 millions d’habitants à Hong Kong

1997 : rétrocession à la République populaire de Chine de l’ancienne colonie britannique

17 000 résidents français à Hong Kong* (* Source : diplomatie.gouv.fr)

750 entreprises françaises (filiales de groupes et entreprises dirigées par des Français) à Hong Kong* (* Source : diplomatie.gouv.fr)

33 000 emplois locaux générés par ces entreprises

11 Mds € : chiffre d’affaires des entreprises françaises à Hong Kong (* Source : diplomatie.gouv.fr)


Comment s’y rendre ?

Cathay Pacific (10 vols par semaine)
Première classe : à partir de 4 780 €
Classe affaires : à partir de 2 770 €
Eco premium : à partir de 1 525 €
Eco : à partir de 670 €

Hong Kong express

Cathay Pacific assure de nombreuses liaisons avec des escales possibles à Hong Kong (Sydney, Bali, Tokyo, etc.). Cela permet de passer deux ou trois jours sur place pour visiter la ville à l’aller ou au retour de voyage.

Où séjourner ?

Hôtel Four Seasons, 8 Finance Street, Central Hong Kong


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