Style Le 12/07/2016 par Felix Besson

Rencontre avec Ferruccio et Leonardo Ferragamo

Certaines maisons ont, grâce à un savoir-faire unique et une dream team aux manettes, su passer le cap de petite entreprise familiale à grosse multinationale. C’est le cas de Salvatore Ferragamo, qui, à l’aube de ses 90 printemps, s’est taillé la part du lion dans le mercato luxe italien. Pour la réouverture de son flagship de l’avenue Montaigne, l’Optimum a rencontré les frères Ferragamo, le temps d’un ristretto sous les arcades du Plaza Athénée. Portrait de famille.

Par Félix Besson

 

La mode italienne est, par définition, une affaire de famille. Il n’y a qu’à regarder les grands acteurs du secteur aujourd’hui : le clan Missoni, les Prada, les Buccellati ou encore la famille Versace. L’un des ténors du milieu ne fait pas exception à la règle. Salvatore Ferragamo, 88 ans d’existence en Europe, plus de 100 au service des étoiles montantes de Hollywood, reste le pionnier de l’accessoire à tendance Sprezzatura. Riche d’une croissance maîtrisée et stable, d’un réseau impressionnant de boutiques worldwide (660 à ce jour), d’une image sans aucune rayure et d’un portefeuille d’actions diversifié mais cohérent, la maison florentine bat le haut de pavé sans aucune ombre à l’horizon. Alors lorsque les deux héritiers de l’empire Ferragamo sont de passage dans la capitale, l’Optimum est allé à leur rencontre pour faire le point sur l’une des success-stories les plus impressionnantes du paysage mode.


Vous réouvrez votre flagship avenue Montaigne. Quelle est l’importance de Paris pour la maison?

Ferruccio Ferragamo : Nous avons agrandi la boutique d’un étage, car Paris est Paris, l’une des plus grosses capitales de la mode. Le flagship avait besoin de grandir étant donné les nombreuses catégories de produits présentes dans l’espace. Cette mutation a réussi, et les retours sont très engageants.

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Le marché français a-t-il évolué depuis votre arrivée au poste de Chairman?

FF : Le monde entier a évolué, et change encore constamment aujourd’hui. Les grandes maisons, la compétition, le type de clientèle, le tourisme : l’ensemble des vecteurs évolue sans cesse et influence notre manière d’agir.

Le travail en famille est-il important pour vous?

FF : Oui, bien sûr. Derrière la maison, il y a le conseil d’administration, dirigé par des membres de la famille Ferragamo. C’est une chose fantastique, car de ce groupe émane une énergie sans égale. Cela prouve qu’au delà du business, il y a une vraie cohésion : nous voulons bien sûr des résultats, mais nous cherchons aussi la pérénité de l’entreprise en terme d’image.

L’héritage Ferragamo fait-il la force de la maison aujourd’hui?

FF : Exactement. Notre père commença il y a plus de 100 ans aux US, où il s’est expatrié. Il voulait créer des chaussures, et les valeurs présentes lors du début de Ferragamo sont encore notre mantra aujourd’hui. En terme de principes, mais aussi de créativité. C’était un génie, un visionnaire, il a inventé beaucoup de nouveaux styles, apposé de nouvelles matières à la chaussure, plus de 350 brevets dans le domaine du soulier mais aussi au delà. Son héritage est devenu au fil du temps de plus en plus important, et je suis persuadé qu’il deviendra la clé de voûte de la stratégie de notre maison.

Vous êtes aussi actif dans le real-estate et l’hôtellerie. Que représente cette partie dans le business total de la maison?

Leonardo Ferragamo : Nous avons plusieurs en Italie, à Rome et Florence. L’hôtellerie est pour nous une manière d’exprimer la philosophie de vie Salvatore Ferragamo en dehors du domaine de la mode. Les hôtels que nous possédons représentent fidèlement notre attachement à l’héritage, à la créativité, à toutes les valeurs que nous prônons en interne. Une vitrine de la culture à l’italienne telle que nous la voyons.

Que représente Ferragamo aujourd’hui dans le mercato luxe?

FF : Salvatore Ferragamo est une maison italienne majeure dans le paysage luxe aujourd’hui. Notre objectif est de devenir le label mode leader, quelque chose d’assez difficile à accomplir puisque la concurrence est très rude. Toutes nos actions nous rapprochent de ce but : la culture de l’héritage, le travail en équipe, des effectifs talentueux. La clé est d’apprécier son travail, d’être passionné. C’est une base.

Dans quels domaines planifiez vous un développement pour les années à venir?

FF & LF : Dans l’hôtellerie, nous prévoyons des ouvertures prochaines, mais rien encore d’officiel. En ce qui concerne la mode, nous développons beaucoup la partie logistique en ce moment, avec la constructions d’un gigantesque centre logistique à côté de nos ateliers. Nous investissons aussi dans le digital bien sûr, mais aussi dans les nouveaux marchés émergents sans pour autant perdre de vue les principaux marchés actuels. Nous voulons asseoir notre position sur ces points là, c’est pour cela que nous multiplions aussi les ouvertures de boutiques, 660 aujourd’hui dans le monde. Ferragamo investit beaucoup dans la recherche constante, afin de devenir encore plus compétitif. Et essayer d’atteindre le sommet.

Vous êtes également impliqué dans l’administration du Pitti Imagine.  Êtes-vous engagé en faveur de la culture italienne?

FF : Oui, bien sûr. Je pense que l’Italie est un pays avec beaucoup de potentiel, de créativité. Ce pays a de grandes capacités en terme de rayonnement, et c’est en poussant la jeune création que nous y arriverons. Je suis très optimiste par rapport à cela.

Où voyez-vous Ferragamo dans 10 ans?

FF : En perpétuelle ascension, avec une présence plus forte, une équipe plus grande. Le souci de haute qualité sera toujours le point de départ, et l’adaptation aux évolutions des consommateurs deviendra une mission.

Salvatore Ferragamo, 45 avenue Montaigne, 75008 Paris, www.ferragamo.com

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Salvatore Ferragamo en 5 chiffres :

1,43 milliards d’€, le chiffre d’affaire en 2015 de la maison en hausse de 7,4% par rapport à l’année précédente.

1948, l’année de l’ouverture de la première boutique Salvatore Ferragamo, sur Park Avenue.

350, le nombre de brevets déposés par Salvatore Ferragamo.

25%, le pourcentage du capital de la maison introduit en Bourse. Le coût de l’action frise les 19 €.

1300 m2, la taille du vaisseau amiral de 2 étages, situé au 45 avenue Montaigne.

 

 

 

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